Les sept obstétriciens-gynécologues figurant sur la liste des 25 médecins ayant le plus facturé la Régie en 2015 sont « tous des médecins qui pratiquaient la fécondation in vitro », a affirmé hier le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. « Ça vous montre à quel point c'était un programme qui coûte cher », a-t-il ajouté.

Invitée par le ministre à « avoir une réflexion sur la grille tarifaire » de ses membres dont la rémunération brute atteint parfois des « montants spectaculaires », la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a assuré hier qu'une telle démarche est déjà en cours.

« C'est précisément ce à quoi s'évertue la FMSQ depuis qu'il [Gaétan Barrette] en a quitté la présidence », écrit la FMSQ dans un communiqué.

« Avec les présidents des associations médicales affiliées à la Fédération, nous vérifions ce qui se passe sur le terrain. Nous évaluons les profils de pratique des médecins », affirme la présidente de la FMSQ, la Dre Diane Francoeur.

La Presse publiait hier matin la rémunération des 25 médecins qui ont réclamé les notes les plus lourdes à la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) en 2015. Un obstétricien-gynécologue ayant facturé 2,4 millions se trouvait au sommet de la liste.

La FMSQ a qualifié le reportage de La Presse de « nouvelle sensationnaliste » et accusé le ministre de faire de la « récupération politique facile ».

Elle précise dans son communiqué que la facturation d'un cycle de fécondation in vitro (FIV) « est de 4850 $, dont 3700 $ (77 %) s'appliquent aux frais techniques (embryologiste, équipements de prélèvement d'ovules, incubateurs, congélateurs, etc.) ». « C'est donc dire que le 4850 $ est facturé à la RAMQ au nom du médecin qui, lui, recevra 1150 $ en rémunération, un montant similaire à la rémunération hospitalière », peut-on lire dans le communiqué.

La FMSQ a précisé que la « facturation d'un médecin ne représente pas seulement sa rémunération », mais qu'elle « inclut la composante technique qui y est associée selon sa spécialité médicale ».

« Dans le cas du prétendu médecin à 2,4 millions, la composante technique représente près de 80 % de ce montant. En clair, la rémunération de ce médecin a été de 20 % de sa facturation totale à la RAMQ. »

- Extrait du communiqué de la FMSQ 

« Oui, ce médecin a beaucoup travaillé, plus que la moyenne de sa spécialité, d'ailleurs, parce que sa pratique se faisait en cabinet où il n'y avait ni limites ni restrictions dans ses heures d'ouverture... contrairement aux centres hospitaliers. Allons-nous maintenant lui reprocher de voir trop de patients ? », écrit la Dre Francoeur.

L'omnipraticienne Isabelle Leblanc, du mouvement Médecins québécois pour un régime public, estime pour sa part qu'il est « intéressant » de noter que seuls des obstétriciens-gynécologues, des ophtalmologistes, des radiologistes et des chirurgiens se retrouvent sur la liste des 25 médecins ayant réclamé les rémunérations les plus élevées en 2015. « Ces spécialités sont parmi celles qui font le plus payer les patients pour différents frais... Oui, ces médecins payent de l'équipement, mais les montants sont très élevés », dit-elle. Pour la Dre Leblanc, ces données révèlent que « le mode de rémunération à l'acte n'est plus à jour » et qu'il « manque de surveillance » dans ce secteur.

LA FMSQ DIT AGIR

La Dre Francoeur assure que son organisation effectue un suivi à l'interne. « Depuis que je suis en poste, j'ai mis mes troupes à pied d'oeuvre et lancé plusieurs chantiers pour que nous nous dotions de mécanismes et d'outils d'évaluation et de suivi à l'interne. Mon objectif : nous assurer que les fonds publics sont utilisés à bon escient et qu'un maximum de soins est dispensé aux patients. La désinformation ne viendra pas à bout de ma volonté », dit-elle.

La FMSQ a précisé que la Dre Francoeur ne serait pas disponible aujourd'hui pour répondre à des entrevues puisqu'elle sera « en réunion à Québec avec des représentants du ministère de la Santé ainsi que des médecins du réseau afin d'accroître et d'améliorer l'accessibilité aux services spécialisés en suivi de la Loi 20 ».