Le chirurgien Éric Bergeron de l'hôpital Charles-Lemoyne vient d'être radié pour quatre mois pour avoir opéré une patiente sans raison. En 2007, le chirurgien a retiré la rate et une partie du pancréas d'une de ses patientes, qui a donc subi une chirurgie inutile.

En février 2007, la patiente a subi des tests révélant une masse à la tête de son pancréas. Devant le Conseil de discipline, le Dr Bergeron a mentionné avoir communiqué avec une consoeur radiologiste avant de procéder à l'opération. Cette dernière lui aurait dit « que la lésion était à gauche, ce qui l'a amené à conclure à la queue du pancréas ». Le 2 novembre, le Dr Bergeron a donc procédé à l'ablation de la queue du pancréas et de la rate de sa patiente « alors que la lésion se trouve à la tête du pancréas », est-il écrit.

Des rapports de pathologies subséquents révéleront même que la lésion à la tête du pancréas de la patiente ne nécessitait finalement aucune chirurgie. « Autrement dit, le 2 novembre 2007, la patiente a subi inutilement une chirurgie importante », note le Conseil de discipline dans son jugement.

Médecin repentant

Devant le Conseil de discipline, la syndique adjointe du Collège des médecins, la Dre Danielle Bourret, a affirmé que la pratique du Dr Bergeron avait déjà été critiquée dans le passé. « Il y a un pattern chez l'intimé. L'intimé ne regarde pas le dossier. Il s'agit d'un problème récurrent chez lui », a-t-elle plaidé, accusant le Dr Bergeron de « grossière négligence ». « L'intimé est capable d'ouvrir un abdomen sans avoir fait l'investigation nécessaire, sans regarder les données de la patiente; c'est un manque de jugement et c'est hors du commun », a-t-elle affirmé.

Le Dr Bergeron a démontré des remords. Il a dit avoir modifié sa pratique. Il opère entre autres toujours avec un assistant et ne procède plus à des chirurgies lourdes.

Considérant que le Dr Bergeron a « failli au fondement même de la médecine », mais qu'il a démontré des remords et qu'il présente un faible risque de récidive, le Conseil l'a radié pour quatre mois.

Un passé houleux

De 2012 à 2014, le Dr Éric Bergeron a été impliqué dans une guerre intestine à l'hôpital Charles-Lemoyne. 

2009 : Le climat de travail est malsain au département de chirurgie de l'hôpital Charles-Lemoyne. Le conflit oppose le Dr Bergeron et une collègue au reste de l'équipe de chirurgiens de l'établissement, qui veulent créer un service de chirurgie générale « universitaire ». 

2012 : Le Dr Bergeron perd ses privilèges de pratique à la suite de pressions de certains collègues.

2012 à 2014 : Le Dr Bergeron pratique en région, notamment en Abitibi et en Gaspésie.

Août 2014 : Le Tribunal administratif du Québec oblige l'hôpital Charles-Lemoyne à réintroduire le Dr Bergeron dans ses fonctions. Selon le jugement, le Dr Bergeron a « subi l'ostracisme » de ses collègues.

Novembre 2014 : Trois membres du conseil d'administration de l'hôpital Charles-Lemoyne démissionnent pour dénoncer la mollesse des sanctions imposées aux médecins ayant mené au renvoi injustifié du Dr Bergeron.