Même si le Centre de prélèvement d'organes de l'hôpital du Sacré-Coeur est parmi les plus performants de la province, c'est à Québec de décider de poursuivre ou non son financement particulier, estime le directeur médical par intérim de Transplant Québec, le Dr Jean-François Lizé.

Mardi, La Presse a rapporté que Québec et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) décideront d'ici deux mois de poursuivre ou non le projet-pilote du Centre de prélèvement d'organes (CPO) de l'hôpital du Sacré-Coeur. Grâce à ce projet, l'établissement reçoit du financement notamment pour avoir en tout temps des équipes et des ressources disponibles pour prélever des organes.

Selon le coordonnateur du CPO, le Dr Pierre Marsolais, le projet-pilote a fait ses preuves et devrait être reconduit.

Un réseau efficace

Le Dr Lizé reconnaît que le CPO de Sacré-Coeur a « très bien fait » avec ce projet-pilote. Mais durant la même période, plusieurs des neuf autres centres qui effectuent des prélèvements d'organes au Québec ont aussi amélioré leurs performances. « Il y a eu un effet d'entraînement. On a vu une augmentation du nombre de donneurs et du nombre d'organes prélevés au Québec », affirme le Dr Lizé, qui travaille au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

En 2015, Transplant Québec a d'ailleurs enregistré un record historique de 549 dons d'organes. « Le centre de Sacré-Coeur a amené une saine compétition dans le réseau », estime le Dr Lizé.

Sans vouloir entrer dans une bataille de statistiques, le Dr Lizé indique que les centres de prélèvement de Sacré-Coeur, du CHUM et du CHU de Québec réalisent ensemble 75 % de tous les prélèvements d'organes de la province. « Oui, Sacré-Coeur est très performant. Et nous en sommes très fiers. Nos centres au Québec sont tous performants », estime le Dr Lizé.

Selon lui, c'est maintenant « au gouvernement de décider comment il veut financer le don d'organes au Québec ».

Deux à trois fois plus cher

Intensiviste et président du comité de don d'organes et de tissus du CHUM, le Dr Pierre Aslanian rappelle qu'un rapport du ministère de la Santé a démontré que les prélèvements du Centre de Sacré-Coeur coûtent de deux à trois fois plus cher que dans les autres établissements du réseau, mais que les performances ne sont pas nécessairement meilleures.

« La question n'est pas de savoir si Sacré-Coeur doit survivre. Nos collègues sont compétents et passionnés et ont soulagé un système surchargé. Mais en ces temps de restrictions budgétaires, pourquoi financer un système inefficient qui n'améliore pas les performances? Ne devrait-on pas regarder ailleurs? », demande-t-il.

Hier après-midi, la division québécoise de la Fondation canadienne du rein a quant à elle diffusé un communiqué pour réclamer l'augmentation du nombre de centres spécialisés comme celui de l'hôpital du Sacré-Coeur. « La Fondation considère que ces centres pourraient contribuer à l'augmentation du nombre de greffes au Québec », note-t-on.