Le chef de l'Assemblée des Premières Nations affirme que le pays a besoin d'une stratégie nationale pour combattre l'épidémie de suicides qui affecte les communautés autochtones.

Le chef national Perry Bellegarde dit être de tout coeur avec la Première Nation crie de Pimicikamak du Manitoba, qui est aux prises avec une crise de suicides.

Après un discours à Winnipeg vendredi, M. Bellegarde a dit que le problème allait bien au-delà du secteur de Cross Lake - où est établie la Première Nation, à quelque 500 kilomètres au nord de la capitale manitobaine.

Il a affirmé que les Autochtones étaient jusqu'à sept fois plus susceptibles de s'enlever la vie que la population en général.

«Nous exhortons le gouvernement à réagir immédiatement à la situation de la Nation crie de Pimicikamak, au nord du Manitoba, et à lui fournir toute l'aide dont elle a besoin. Des vies sont en jeu. Des mesures doivent être prises dès maintenant pour nous assurer qu'aucune autre vie n'est perdue ou mise en danger», a ajouté M. Bellegarde par voie de communiqué.

M. Bellegarde estime que le Canada a besoin d'une stratégie nationale en santé mentale pour freiner ce qu'il qualifie d'épidémie de suicide dévastatrice.

Cette stratégie doit prévoir des mesures sur la santé mentale, des installations de loisirs, une éducation adéquate, ainsi que le rétablissement d'une fierté culturelle chez les jeunes, a-t-il précisé.

«Nous devons collaborer avec la communauté pour donner un nouveau souffle d'espoir et de nouvelles possibilités à nos jeunes», a-t-il indiqué.

Six personnes se sont suicidées dans la communauté de Cross Lake, au cours des deux derniers mois et 140 autres ont tenté de s'enlever la vie ou elles ont menacé de le faire. Cent autres jeunes sont sur une veille de suicide.

La communauté a déclaré l'état d'urgence sur son territoire plus tôt cette semaine dans l'espoir de recevoir des appuis alors que les professionnels de la santé de la région sont épuisés.

À court terme, la réserve réclame l'aide d'au moins six professionnels en santé mentale et des thérapeutes en rotation. Le conseil de bande souhaite à plus long terme accroître les possibilités d'emploi pour sa population et construire un hôpital et un centre de loisirs pour les jeunes.

Les ministères fédéraux des Affaires autochtones et de la Santé ont affirmé que le gouvernement faisait tout ce qu'il pouvait pour soutenir rapidement la communauté, tout en se questionnant sur les causes du problème.

Le premier ministre manitobain Greg Selinger a affirmé qu'il s'était entretenu avec les dirigeants de la communauté, vendredi et qu'une équipe de gestion de crise était arrivée sur les lieux.

Le gouvernement provincial versera un soutien financier supplémentaire pendant huit semaines, a-t-il annoncé, ajoutant qu'il était en faveur du lancement d'une stratégie pancanadienne.

«Sous l'ancien gouvernement (fédéral), il y a eu des réductions dans le personnel en santé mentale chez les Premières Nations. Il existe clairement un besoin pour ajouter des ressources dans la prévention», a-t-il déclaré.

Perry Bellegarde déplore que la communauté ait dû déclarer l'état d'urgence pour recevoir le soutien du gouvernement. «Le gouvernement sait depuis des années que le taux de suicide est plus élevé parmi nos habitants», a-t-il affirmé.

La chef autochtone qui représente les Premières Nations du nord du Manitoba, Sheila North Wilson, a affirmé que les membres des communautés étaient reconnaissants du soutien, tout en ajoutant qu'ils étaient encore sous le choc des événements.