Le nombre d'anciens combattants traités pour des problèmes de maladie mentale ou de troubles mentaux a explosé ces dernières années. De 2005 à 2015, les dépenses dans ce secteur ont bondi de 689 %, révèlent des données obtenues par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Alors que seulement 87 anciens combattants avaient reçu des soins pour des problèmes de maladie mentale ou de troubles mentaux en 2005, 10 ans plus tard, ce nombre atteint 447.

Conseillère aux relations avec les médias au ministère des Anciens Combattants, Janice Summerby affirme que cette hausse s'explique par «une combinaison» de facteurs, dont «l'incidence du nombre accru de déploiements par les Forces armées canadiennes». De nombreux soldats des Forces canadiennes ont notamment été déployés en Afghanistan d'octobre 2001 à mars 2014.

Mme Summerby ajoute qu'il y a eu une «réduction de la stigmatisation entourant les problèmes de santé mentale, qui est attribuable à une discussion publique plus ouverte sur le sujet». «La réduction de la stigmatisation fait en sorte que les vétérans peuvent se sentir plus à l'aise de demander de l'aide», dit-elle.

Les soldats plus à risque?

Dans une étude sur le trouble de stress post-traumatique dans les Forces canadiennes publiée en novembre dernier dans la Revue canadienne de psychiatrie, des chercheurs ont révélé que 86% des membres des Forces disent avoir été exposés à des traumatismes, dont des traumatismes de guerre, durant leur vie. Dans la population canadienne en général, cette proportion atteint 76%.

Environ 6,6% des membres des Forces seraient atteints du trouble de stress post-traumatique. Mais les auteurs de l'étude indiquent que cette proportion est assurément sous-estimée, car «le taux de membres atteints du trouble de stress post-traumatique et quittant les Forces chaque année est inconnu».

En fonction des données disponibles, il est donc «impossible de savoir si les membres des Forces canadiennes rapportent plus d'exposition à des traumas et de troubles de stress post-traumatique que la population canadienne», est-il écrit dans l'étude.

Insomnie et opioïdes

Les documents fournis par le ministère des Anciens Combattants révèlent également que des centaines de milliers de dollars sont dépensés chaque année pour fournir des médicaments contre l'insomnie, la dépression et la douleur aux anciens combattants.

Plus de 2 millions de dollars ont notamment été dépensés pour des opioïdes, médicaments utilisés pour le soulagement de la douleur.

«Les médicaments comme l'oxycodone et le fentanyl doivent être prescrits par un médecin traitant qualifié. Le Ministère assume les frais de ces médicaments pour les vétérans admissibles, mais ne les prescrit pas», explique la porte-parole du ministère des Anciens Combattants, Janice Summerby.

EN CHIFFRES

Dépenses pour certains médicaments au ministère des Anciens Combattants en 2014-2015

Duloxétine (pour soigner la dépression et l'anxiété) : 1,3 million

Acétaminophène : 1 million

Zopiclone (somnifère) : 985 000 $

Oxycodone (opioïde) : 893 000 $

Hydromorphone (opioïde) : 863 047 $

Fentanyl (opioïde) : 400 000 $

- Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse