On l'a dit et répété : le Zika, ce virus soupçonné de causer des malformations chez les bébés, ne peut causer d'épidémie au Canada puisque les moustiques qui le propagent ne vivent pas sous nos latitudes.

Mardi, les autorités du Texas ont toutefois annoncé qu'une personne semblait avoir été contaminée non pas par un moustique, mais après avoir eu des relations sexuelles avec une personne infectée. Quelques cas similaires sont à l'étude. Selon les experts consultés par La Presse, la découverte de ce mode de transmission devrait inciter certains Canadiens à la prudence, mais celui-ci ne représente pas un risque d'épidémie locale.

« D'après ce qu'on sait de ce virus, s'il y a une transmission possible par voie sexuelle, cela demeure rare. Sur des centaines de milliers d'infections rapportées, on parle de quelques cas suspects », explique Brian Ward, professeur agrégé au Centre de recherche sur les interactions hôte-parasite de l'Université McGill.

Selon l'expert, la transmission du virus par voie sexuelle ne semble donc pas assez efficace pour déclencher une épidémie dans les zones où les moustiques porteurs ne sont pas présents.

« Ça peut changer la situation dans les lits des Canadiens qui reviennent d'une zone touchée. Mais du point de vue de la santé publique, ce n'est pas un problème », dit M. Ward.

« Pour les Canadiens, le risque d'avoir la maladie est très, très faible. Le risque d'épidémie, lui, demeure nul », corrobore Anne Gatignol, chercheuse à l'Institut Lady Davis pour la recherche médicale à l'Université McGill.

Le manque de connaissances frustre les médecins

Le Zika se transmet-il vraiment par voie sexuelle ? Combien de temps reste-t-il dans le corps des individus infectés ? Quel est le risque d'être touché si on se fait piquer par un moustique porteur ?

Les questions sans réponse demeurent légion, à propos du Zika. Même le lien entre le virus et les bébés atteints de microcéphalie, cette malformation caractérisée par une tête anormalement petite et des retards mentaux, n'est pas confirmé scientifiquement.

Cette ignorance s'explique simplement : avant que les autorités brésiliennes ne soulèvent la possibilité que le Zika puisse entraîner des microcéphalies, le virus était considéré comme peu dangereux et n'était donc pas une priorité de recherche.

Les choses devraient changer, maintenant que l'Organisation mondiale de la santé l'a déclaré « urgence de santé publique de portée mondiale ». Dans l'intervalle, Brian Ward, de l'Université McGill, admet qu'il est difficile de conseiller les patients.

« C'est très frustrant, dit-il. Les médecins et les chercheurs n'ont pas l'habitude de dire : "Je ne sais pas." Or, pour l'instant, personne ne sait. »

Prudence avec les dons de sang

Héma-Québec a annoncé hier qu'à partir de dimanche prochain, les voyageurs qui reviennent de n'importe où dans le monde, à l'exclusion des États-Unis ou de l'Europe, devraient attendre 21 jours avant de faire un don de sang.