«L'avocat des patients», Jean-Pierre Ménard, et des groupes de défense des personnes avec des problèmes de santé mentale revendiquent davantage de ressources pour ces personnes, ainsi qu'une meilleure formation pour les psychiatres.

L'avocat spécialisé dans les dossiers reliés à la santé a fait cette sortie, jeudi, aux côtés de groupes de défense des droits, après que la question des droits des personnes ayant des problèmes de santé mentale fut revenue dans l'actualité à la suite d'incidents. À Granby, notamment, un homme en psychose aurait tué sa colocataire dès sa sortie de l'hôpital.

Au cours d'une entrevue, Me Ménard a relevé une certaine méconnaissance de la loi de la part des psychiatres eux-mêmes. Il affirme avoir entendu toutes sortes d'informations sur les droits des personnes en santé mentale, parfois fausses, et ce, même de la part de psychiatres.

«Dire que la loi limite à 24 heures le droit de garder quelqu'un, c'est faux. Il n'y a pas de limite de durée; c'est le temps que la personne est dangereuse. Dire que c'est juste quand il y a un danger grave et immédiat, c'est faux. Un danger grave et immédiat, c'est pour la garder sans ordonnance de cour pendant trois jours. Après ça, ça prend une ordonnance de cour et c'est une affaire facile à obtenir. L'an passé, il y en a eu 3000 à Montréal», a rapporté Me Ménard.

Les notions de psychiatrie légale auraient intérêt à être mieux enseignées, selon lui, notamment la possibilité de garder un patient plus de 24 heures à l'hôpital dans certains cas.

Par ailleurs, l'avocat perçoit aussi un autre problème: celui du manque de ressources en santé mentale, dans la communauté et à domicile.

«Il y a vraiment une grosse carence au niveau des ressources en santé mentale dans la communauté. Les familles qui ont par exemple un jeune adulte schizophrène, souvent, la seule option qu'ils ont quand c'en est rendu au stade de la crise, c'est d'appeler la police et que la police vienne chercher leur fils et le rentre à l'hôpital de force - ce qui est le plus mauvais moyen d'accéder au service», opine l'avocat.

«Ce n'est pas acceptable qu'on n'ait pas de soins de santé mentale à domicile. Ce n'est pas acceptable que les parents ne puissent pas appeler au CLSC pour dire mon fils ne va pas bien. Il doit y avoir moyen de faire un contact», plaide-t-il.

Me Ménard rappelle que la désinstitutionnalisation devait être suivie d'ajout de ressources dans la communauté - ce qui n'a pas toujours été fait.

Il cite l'exemple des centres de crise, qui devaient être développés plus largement, et qui ne l'ont pas été. Une personne avec des problèmes de santé mentale qui ne se sentait pas bien pouvait s'adresser à ces centres de crise, qui lui apportaient écoute et soutien, tout en réduisant le recours à l'hospitalisation.