Le gouvernement versera une augmentation de salaire moyenne de 5 % aux infirmières en avril 2018 en échange de l'abandon par leur syndicat de plaintes en matière d'équité salariale.

C'est ce que prévoit l'un des volets de l'entente intervenue entre la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et le Conseil du trésor avant les Fêtes. Ce volet n'avait pas été rendu public jusqu'ici.

L'augmentation de 5 % s'ajoute aux hausses salariales prévues à l'entente de principe qui a été conclue à la table centrale de négociation.

La FIQ avait présenté environ 500 plaintes en matière d'équité salariale depuis 2010. Elle estimait que les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes - des catégories d'emploi à prédominance féminine - subissent une discrimination par rapport à d'autres catégories d'emploi occupées principalement par des hommes. La nature de leur travail a été modifiée avec le temps en vertu d'une loi, et donc la « valeur » de leur emploi a augmenté, selon le syndicat.

Québec a demandé que les plaintes soient réglées dans le cadre des négociations sur le renouvellement des conventions collectives. La FIQ a accepté, estimant que le processus de conciliation en cours aurait pu durer des années encore et n'offrait aucune garantie de résultat, a expliqué sa présidente, Régine Laurent.

L'entente entre le Trésor et la FIQ prévoit donc que les quelque 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes changeront d'échelle salariale le 2 avril 2018, car la valeur de leur emploi a effectivement été revue. Cela se traduira par une hausse de salaire moyenne de 5 %. En contrepartie, la FIQ abandonne toutes ses plaintes.

Mésentente entre les syndicats

Mais ce dénouement ne fait pas l'affaire de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), qui représente également des infirmières et qui recommande à ses membres de rejeter l'entente de principe intervenue à la table centrale sur les salaires. La FSSS-CSN refuse d'abandonner ses propres plaintes en matière d'équité salariale, comme elle l'a expliqué en conférence de presse mercredi. Le gouvernement veut imposer un « recul » aux femmes, selon elle.

En entrevue avec La Presse, la vice-présidente de la FSSS-CSN, Josée Marcotte, a soutenu que « ce n'est pas la hauteur de l'augmentation » obtenue par la FIQ « qui est problématique », mais plutôt l'absence de rétroactivité pour les années 2010 à 2017. 

« Le gouvernement reconnaît la discrimination seulement à partir de 2018 », estime Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS-CSN.

Mais pour Régine Laurent, l'obtention d'augmentations de salaire rétroactives était loin d'être acquise dans le cadre du processus de traitement des plaintes. Le résultat de ce processus était « très hypothétique », selon elle. « On a fait le choix pour nos membres d'aller augmenter la valeur des emplois maintenant. Je trouve ça malheureux que la FSSS fasse comme si on avait vendu notre âme au diable », a-t-elle affirmé.

Entente de principe sur les salaires

2015 : Montant forfaitaire de 500 $ (1 % basé sur un salaire de 50 000 $)

2016 : 1,5 %

2017 : 1,75 %

2018 : 2 %

2019 : Montant forfaitaire de 250 $ (0,5 %) + 2,4 % en moyenne au chapitre de la relativité salariale

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Note : Pour les infirmières, une hausse de 5 % en moyenne s'ajoute en 2018 au chapitre de l'équité salariale.