Le regroupement Médecins québécois pour le régime public (MQRP) estime que les fortes hausses de rémunération accordées aux médecins de la province au cours des dernières années sont «indécentes».

«Le contraste est frappant. D'un côté, le gouvernement provincial coupe de toute part, négocie "serré" pour diminuer autant que possible le salaire des travailleurs du système public et écorche les budgets des institutions qui sont à la base de notre société : les écoles, les CPE, les établissements de santé. D'autre part (...), la rémunération des médecins croît de façon exponentielle», est-il écrit dans un communiqué publié vendredi matin.

Au cours des dernières années, les hausses de rémunération accordées aux médecins du Québec ont été de 34 % pour les omnipraticiens et de 42 % pour les spécialistes. «Comment peut-on justifier de telles hausses à une classe professionnelle déjà bien nantie alors qu'on propose des hausses moindres que l'inflation aux employés du front commun?», demande le MQRP.

Alors que la rémunération des médecins augmente, les membres du MQRP disent être «témoins de suppressions de postes pour nos collègues professionnels de la santé». Dans ce contexte, les hausses de rémunération accordées aux médecins sont «indécentes», estime le MQRP qui dit croire «profondément à la redistribution de la richesse et au système public comme rempart contre les inégalités sociales.»

L'avantage de l'incorporation

À ce sujet, le MQRP note qu'«en général, ce sont les impôts qui permettent de redistribuer la richesse». «Or, ce n'est malheureusement plus vraiment le cas. Le régime fiscal actuel et les façons d'éviter de payer nos impôts (dont la récente possibilité pour les médecins de s'incorporer) sont légion et on ne demande plus vraiment aux plus nantis (ni aux entreprises) de faire leur juste part», écrit le MQRP, qui demande qu'une partie des enveloppes négociées par les fédérations médicales servent à financer le système de santé. «Plutôt que d'utiliser ces sommes pour augmenter la rémunération des médecins, assurons-nous de les utiliser pour améliorer l'accès et la qualité des soins pour nos patients, et du même coup, améliorer notre milieu de travail», est-il écrit.

En conclusion, le MQRP mentionne aussi que la rémunération à l'acte devrait être revue et que «les hausses et les primes qui ne servent qu'à augmenter la rémunération des médecins et non à améliorer le système et la santé des populations sont inacceptables.»