Ses installations sont ultramodernes, son personnel est reconnu pour son expertise à la fine pointe, mais depuis son ouverture, le nouveau Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est aux prises avec un problème nauséabond: les égouts refoulent et inondent les aires de travail. La cause? Divers détritus jetés dans les toilettes, particulièrement dans l'aire des soins postnatals et prénatals, où l'établissement n'arrive pas à venir à bout des bouchons de serviettes hygiéniques qui engorgent les tuyaux.

Peu après l'inauguration des nouvelles installations du CUSM en bordure de l'échangeur Turcot, l'été dernier, les problèmes de refoulements d'égouts se sont déclarés dans 10 zones du campus, raconte Louis-Antoine Paquin, porte-parole du consortium formé par SNC-Lavalin pour la construction et l'entretien des lieux. Le consortium et la direction du CUSM ont alors mis en place un «plan d'action» extraordinaire pour tenter de régler le problème.

Des inspections visuelles directes et d'autres menées à l'aide de petites caméras ont permis de découvrir divers «objets inorganiques» qui obstruaient la tuyauterie après avoir été jetés dans les toilettes. «On trouvait des serviettes hygiéniques, du papier brun pour s'essuyer les mains, des lingettes nettoyantes, des pansements et même des gants d'examen», explique M. Paquin.

1000 toilettes

Le CUSM est une construction certifiée LEED. Il a été équipé de toilettes écologiques à faible débit d'eau et consomme dans l'ensemble 30% moins d'eau qu'un hôpital standard. «Ça accentue la difficulté à évacuer des déchets non organiques», reconnaît le porte-parole du consortium. «Nous avons apposé des panneaux dans chacune des 1000 toilettes du site, afin de préciser que seul le papier hygiénique peut être jeté dans la cuvette, mais cet avis n'est pas toujours respecté», a expliqué hier le porte-parole du CUSM, Ian Popple.

En septembre, une équipe mixte d'experts du consortium constructeur et du CUSM a aussi réalisé des travaux d'ajustement sur six segments de tuyauterie de drainage, afin d'optimiser la fluidité d'évacuation. Dans certains cas, l'angle a été adouci pour éviter les coudes trop prononcés.

«Grâce aux travaux entrepris systématiquement dans chaque secteur touchés et aux modifications apportées aux endroits nécessaires, le nombre d'incidents a diminué de 75% depuis deux mois», affirme M.  Popple. Depuis deux semaines, un rinçage nocturne semble aussi favoriser le nettoyage des tuyaux. Aucune inondation n'a été signalée depuis une semaine.

Un îlot de résistance

Il reste toutefois un îlot de résistance. «Nous continuons de travailler au sixième étage, l'un des quelques secteurs où les inondations posent encore problème», affirme M. Popple. Cet étage regroupe au même endroit le centre des naissances ainsi que tous les soins postnatals et prénatals, des services qui étaient dispersés en divers endroits autrefois. 

Les patientes dans ces services ont des besoins particuliers qui, en raison du grand nombre de personnes concernées, contribuent à bloquer les tuyaux. 

«La majorité des blocages qui s'y produisent sont causés par les gros modèles de serviettes hygiéniques (et non par des tampons) utilisés par les femmes qui viennent d'accoucher», constate Ian Popple.