Pendant que des syndicats de la CSN dans le domaine de la santé veulent se doter d'un mandat de 10 autres jours de grève, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, prévient l'ensemble des syndicats que pour qu'il se montre plus généreux dans ses offres sur les salaires, ils devront jeter du lest du côté de la retraite.

La Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN a annoncé mardi qu'elle sollicitait auprès de ses membres un mandat pour tenir 10 autres journées de grève, en plus des trois journées qu'il reste déjà au mandat de tous les syndicats membres du front commun - dont elle fait partie.

La FSSS représente quelque 110 000 membres dans le secteur public de la santé et des services sociaux.

Le front commun intersyndical a déjà annoncé la tenue d'une autre journée de grève le 9 décembre si les négociations ne sont pas jugées suffisamment fructueuses avec le gouvernement du Québec. Il détenait déjà un mandat de six journées de grève et en a tenu trois, à ce jour, selon un mode de grèves tournantes par région.

Au cours d'une entrevue mardi, le président de la FSSS, Jeff Begley, a expliqué qu'il se devait de prévoir les prochaines étapes. «En sachant l'état des négociations... C'est un gros paquebot, on ne peut pas laisser ça à la dernière minute. Il faut prévoir les coups et c'est ça qu'on a fait», a justifié M. Begley.

La FSSS a même déjà reçu un premier vote favorable à ce mandat provenant d'un syndicat dans la région du Bas Saint-Laurent, a signalé M. Begley. Cela prendra plusieurs jours avant qu'elle reçoive l'ensemble des résultats de ses syndicats.

À Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, n'a pas été impressionné par ce mandat de 10 jours qui est maintenant sollicité. «Ça fait partie du jeu de la négociation», a-t-il répondu.

Pendant ce temps, les négociations se poursuivent de façon intensive entre des syndicats et le gouvernement du Québec.

Le ministre Barrette l'a d'ailleurs confirmé. «Aujourd'hui, ce sera la énième fois que je vous dis que les choses vont bien. J'ai l'impression que nous voyons très bien toute la piste d'atterrissage, y compris le numéro de la piste», s'est-il exclamé.

Et selon le ministre Barrette, les négociations portent sur des clauses importantes. «On est dans la phase où les points qui feront ou ne feront pas une entente sont en train d'être discutés», a-t-il résumé.

Dans les faits, quelques ententes de principe ont été conclues avec des syndicats, mais aux tables sectorielles seulement, c'est-à-dire concernant les clauses qui ne traitent pas des salaires et du régime de retraite.

Une première entente de principe a été conclue avec le secteur du soutien scolaire de la Fédération des employés des services publics affiliée à la CSN.

En soirée lundi, quatre autres ententes de principe sectorielles ont été annoncées, cette fois avec des syndicats affiliés à la FTQ. Ces ententes touchent le personnel professionnel et de soutien des commissions scolaires francophones du SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique) et du SEPB (Syndicat des employés professionnels et de bureau), ainsi que les tables du personnel de soutien des commissions scolaires anglophones du SEPB et de l'Union des employés de service, section locale 800.

À la FSSS-CSN, M. Begley se dit «content» que le gouvernement ait «reculé» sur certaines demandes qu'il formulait au départ aux tables sectorielles dans la santé, mais cela lui semble insuffisant.

«Notre priorité, pour le front commun, d'ailleurs, c'est la rémunération, les salaires. Et ça, le gouvernement n'a pas bougé; il a bougé d'un petit quart-de-pouce en changeant 1 pour cent de place (versé plus tôt dans le cadre d'un contrat de cinq ans). Mais pour avoir une entente, il faut qu'il bouge sur les paramètres salariaux», a opiné M. Begley.

Justement, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a prévenu que s'ils voulaient que le gouvernement se montre plus généreux au chapitre des augmentations de salaire, les syndicats devraient faire des concessions au chapitre du régime de retraite. «Il faut absolument qu'il y ait du mouvement du côté de la retraite; c'est très important. Il faut qu'il y ait un mouvement significatif en retraite», a martelé le ministre Coiteux.

Pour ce qui est d'éventuelles augmentations de salaire qui iraient au-delà des deux années de gel et des trois années avec des augmentations limitées à 1 pour cent, le ministre s'est fait discret. «L'élastique est court, parce que la situation budgétaire du Québec est difficile et elle va rester exigeante, très exigeante au cours des prochaines années», a-t-il ajouté.