Québec investit un peu plus de 10 millions de dollars supplémentaires par an pour améliorer les soins palliatifs, jugés «dysfonctionnels» par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

Le nouveau plan de soins palliatifs 2015-2020 s'inscrit dans la foulée de l'entrée en vigueur, en décembre, de la loi sur les soins de fin de vie, aussi connue comme la loi sur l'aide médicale à mourir.

«La loi 2 inclut l'aide médicale à mourir, la sédation palliative, mais c'est d'abord et avant tout une loi d'accès à des soins palliatifs de qualité partout sur le territoire, au choix du patient», a insisté le ministre, au cours d'une conférence de presse lundi dans le hall de l'Assemblée nationale.

Et actuellement, ce n'est pas la qualité des soins ou le dévouement du personnel qu'il faut améliorer, mais plutôt la coordination et l'uniformisation des soins de fin de vie, a indiqué M. Barrette. Son plan s'attaque à des éléments «dysfonctionnels», selon ses propres termes.

«Les politiques sont aléatoires, leur mise en oeuvre est aléatoire, il n'y a pas une «emphase» (sic) là-dessus. (...) La question, c'est mieux faire pour tout le monde. Là actuellement, on fait mieux, mais pas pour tout le monde», a-t-il dit.

Parmi les mesures prévues, Québec proposera à compter du 1er avril 2016 une allocation de 1000 $ par famille de proches aidants pour les soins à domicile, échangeable en services d'accompagnement et de répit.

«C'est le point cardinal de ce plan, reconnaître et soutenir les proches aidants», a dit M. Barrette.

En pratique, ces familles qui reçoivent déjà l'aide d'équipes soignantes obtiendront de l'assistance additionnelle, par l'entremise de préposés et d'infirmières auxiliaires dans les derniers moments, le soir et les fins de semaine, a -t-il expliqué

Cela équivaut à 35 heures de répit par famille, a estimé le ministre. Au total, l'enveloppe consacrée à cette nouvelle allocation s'élève à 4,5 millions de dollars et M. Barrette souhaiterait augmenter un peu le montant de l'allocation, «mais pas beaucoup plus».

Par son nouveau plan, le ministre veut ainsi augmenter le pourcentage de soins palliatifs à domicile, de 11 % à 20 %. Seul le tiers des 21 000 personnes qui sont suivies à domicile au Québec chaque année y meurent.

«Je trouve que c'est une faiblesse, a-t-il dit. (...) Dans tous les sondages, les gens veulent mourir près de leurs proches avec les soins appropriés. C'est ça qu'on doit développer.»

Le réseau sera entre autres forcé de mettre sur pied des équipes pour les soins à domicile.

Par ailleurs, le ministre soutient que le Québec compte assez de lits en soins palliatifs, mais il vise néanmoins à hausser leur nombre, de 825 à 873 en 2015-2016, et encore plus les années suivantes. Ce ne sont pas des régions, mais parfois des sous-régions qui sont mal couvertes, a-t-il justifié. Une somme de 2,4 millions de dollars y sera consacrée.

En outre, 500 000 $ seront consacrés aussi à la formation du personnel soignant. Au total, le ministre évalue à un minimum de 10  millions de dollars l'argent neuf qui sera investi par année en soins palliatifs.

M. Barrette a aussi précisé que son nouveau plan ne sera pas soumis au principe du «cran d'arrêt» pourtant imposé par le premier ministre Philippe Couillard.

En vertu de ce mode d'ordre, la mise sur pied de chaque nouvelle mesure qui nécessite de l'argent neuf doit s'accompagner de l'abolition d'une autre mesure, dans la logique de l'atteinte de l'équilibre budgétaire.

Le plan en soins palliatifs comprend au total neuf grandes priorités, notamment assurer l'équité aux services de soins palliatifs, assurer la qualité des services, informer la population par des campagnes de sensibilisation, ainsi que l'évaluation de l'atteinte des résultats.