Le coprésident de la Coalition des médecins pour la justice sociale, le Dr Paul Saba, a déposé un recours judiciaire, ce matin, afin d'empêcher l'application de la loi québécoise sur les soins de fin de vie, dont l'entrée en vigueur est prévue le 10 décembre prochain.

«Nous avons déposé un avis de gestion contre les dispositions de la loi», explique l'un des avocats du Dr Saba, Me Dominique Talarico.

La loi québécoise sur les soins de fin de vie prévoit que les personnes majeures en fin de vie, atteintes d'une maladie grave et incurable, éprouvant des souffrances constantes et dont l'état de santé est irréversible pourront demander l'aide médicale à mourir.

En février 2015, un jugement unanime de la Cour suprême a invalidé les articles du Code criminel interdisant l'euthanasie et ouvert la voie à l'application de la loi québécoise.

L'opposition persiste

Pour le Dr Saba, tant que le réseau de santé québécois ne sera pas plus efficace, permettre l'euthanasie est inacceptable. «Les listes d'attente sont longues au Québec. Des personnes en douleur constante ne vont-elles pas, par lassitude, demander l'euthanasie? Nous voulons demander à la Cour si au Québec, dans un contexte de manque de soins, il est raisonnable de permettre l'euthanasie », résume l'avocat Gérard Samet, qui représente le Dr Saba.

Lisa D'Amico, une Québécoise atteinte de paralysie cérébrale et faisant partie du recours du Dr Saba, croit elle aussi que les soins aux patients doivent être améliorés avant de permettre l'aide médicale à mourir. «Je demande de la physiothérapie pour améliorer mes douleurs. Mais on me la refuse. Au Québec, on a besoin d'aide pour vivre, pas pour mourir», plaide-t-elle.

Au début de l'année, le Dr Saba avait entamé des démarches pour empêcher la légalisation de l'euthanasie. «À la suite du jugement de la Cour suprême, la Cour nous avait réservé le droit de déposer des amendements ou de réagir plus tard. C'est ce que nous faisons aujourd'hui» explique Me Talarico.

Le Dr Saba mentionne que plusieurs juridictions, comme la France et l'Écosse, refusent l'euthanasie et le suicide assisté. «Seulement 1% de la population mondiale vit dans des pays où c'est permis, dit-il. Pourquoi préfère-t-on investir dans l'euthanasie que dans les soins? Je vais continuer de me battre contre ça, dit-il. Car tant que les soins ne seront pas mieux offerts, il y a des risques que l'euthanasie soit choisie pour les mauvaises raisons.»

L'avocat Jean-Pierre Ménard, qui a participé à l'élaboration de la loi québécoise sur les soins de fin de vie se dit surpris par le recours intenté par le Dr Saba. «À première vue, je ne vois pas la brèche possible pour amener les tribunaux à reconsidérer leur décision », dit-il.