Le Protecteur du citoyen demande au Centre universitaire de santé McGill de revoir d'ici la fin du mois ses tarifs de stationnement, qui peuvent selon lui constituer « un obstacle indirect à l'accès aux soins et aux services ».

Depuis le déménagement de la majeure partie de ses activités vers le site Glen, plus tôt cette année, le CUSM impose des frais de stationnement qui atteignent 25 $ après 90 minutes, tant au nouvel hôpital du quartier Notre-Dame-de-Grâce qu'à l'Hôpital général de Montréal et au Royal Victoria, où quelques services cliniques sont toujours offerts.

C'est le tarif le plus élevé de tous les hôpitaux du Québec, a révélé une compilation menée par La Presse en juin. Avant le déménagement, le maximum était de 21 $.

Jugeant le tarif exorbitant, le comité des usagers du CUSM a porté plainte au Protecteur du citoyen. Dans un rapport du 27 octobre, l'ombudsman conclut que « les tarifs élevés de stationnement constatés au CUSM peuvent entraîner des problèmes d'accessibilité aux services pour des personnes qui requièrent des suivis fréquents à l'hôpital ».

TARIFS DES STATIONNEMENTS DU CUSM

0-30 minutes 10 $

31-60 minutes 15 $

61-90 minutes 20 $

91 minutes à 24 heures 25 $

Forfait journalier (accès illimité) 30 $

Le Protecteur du citoyen a comparé les tarifs du CUSM avec ceux d'une soixantaine de stationnements des quartiers avoisinants. La moyenne était de 18 $ pour 24 heures, 7 $ de moins qu'au CUSM. « Les tarifs en vigueur au CUSM sont au sommet de la grille de prix applicables au centre-ville de Montréal », peut-on lire.

Le Protecteur relève par ailleurs des « incohérences » dans la tarification du CUSM.

Une directive ministérielle oblige les hôpitaux à autofinancer la construction et l'exploitation de leur parc de stationnement. La construction du stationnement souterrain du site Glen a coûté 266 millions. Selon l'hôpital, le tarif journalier de 25 $ a été établi afin de rembourser le prêt sur une période de 30 ans.

Or les tarifs sont désormais identiques dans tous les stationnements du CUSM, relève le Protecteur, sans que les exigences de la directive ministérielle puissent justifier l'augmentation pour les hôpitaux du centre-ville. « Force est de constater que l'harmonisation des tarifs applicables pour les trois sites du CUSM [...] a été effectuée à partir des données du site de stationnement ayant le coût le plus élevé d'exploitation à recouvrer auprès de sa clientèle. »

« UN MEILLEUR ÉQUILIBRE EST SOUHAITABLE »

Le Protecteur recommande donc au CUSM de réviser d'ici au 30 novembre les tarifs « en tenant compte notamment de l'ensemble des coûts d'exploitation [des stationnements] et de leur environnement ».

Il note aussi que l'échelle des tarifs « a été faite davantage avec l'intention de maximisation des revenus du stationnement ». « Un meilleur équilibre est souhaitable pour répondre aux besoins des usagers », qui passent rarement moins de 90 minutes dans l'hôpital et qui sont donc la plupart du temps contraints de payer le plein tarif.

Il juge par ailleurs « inapproprié » que seules les personnes suivies en oncologie ou en dialyse puissent bénéficier de tarifs réduits. « C'est la fréquence requise des traitements, peu importe le type de diagnostic, qui devrait donner accès aux tarifs réduits », souligne le rapport.

L'introduction de carnets de 10 billets pour 150 $, offerts à tous les patients, fait partie des solutions envisagées par un comité de travail formé par le CUSM.

Le président du comité des usagers, Mario Di Carlo, dit avoir bon espoir « d'en arriver à des solutions acceptables pour les patients ». Mais il s'inquiète du fait que, malgré le rapport du Protecteur, rien n'oblige l'hôpital à plafonner son tarif maximal. « Rien dans la loi ne l'empêche de monter ça un jour à 30 $ pour payer l'emprunt. C'est une préoccupation pour moi qu'il y ait cette porte ouverte. »

La situation est particulièrement problématique au site Glen, selon lui. 

« Les gens ne peuvent pas stationner dans les rues avoisinantes, car le stationnement est réservé aux résidants. Les gens sont captifs. Si le prix est élevé, ça peut avoir un impact sur l'accès aux soins », dit Marco Di Carlo, président du comité des usagers du CUSM.

Le gouvernement, ajoute M. Di Carlo, devrait subventionner une partie du stationnement dans des cas exceptionnels comme celui du Glen.

La direction du CUSM a commenté la question dans une déclaration transmise par courriel : « D'autres mesures sont en cours d'analyse et de modélisation afin de s'assurer que nous respections la Politique concernant l'exploitation des activités accessoires commerciales du MSSS qui veut que les activités des parcs de stationnement génèrent suffisamment de revenus pour couvrir les dépenses annuelles d'immobilisations (capital et intérêts) de même que les frais d'exploitation. »

STATIONNEMENT EXPRESS MOINS CHER

Le CUSM n'a pas attendu le rapport du Protecteur du citoyen pour modifier le tarif applicable à une soixantaine de places de stationnement de courte durée au site Glen. Le tarif maximal pour ces places « express » était de 50 $, mais le CUSM l'a ramené à 30 $ à la mi-octobre. « La réduction porte ses fruits ; ces stationnements opèrent presque à plein rendement depuis », a indiqué la porte-parole de l'hôpital, Vanessa Dahma, dans une déclaration envoyée à La Presse.

EN CHIFFRES

4340 : Nombre de laissez-passer à tarif réduit fournis aux patients en oncologie et en dialyse du CUSM (du 1er avril au 1er octobre 2015)

5667 : Nombre de laissez-passer de courtoisie fournis à des familles à faible revenu ou dans des situations particulières (du 1er avril au 1er octobre 2015)

Proportion des revenus de stationnement au CUSM : 

• 85 % : Usagers  

• 15 % : Employés et médecins