Les femmes autochtones ne reçoivent pas la même intensité de soins que les non-autochtones durant leur grossesse révèle une nouvelle étude publiée aujourd'hui par le journal de l'Association médicale canadienne.

Alors que 71% des femmes enceintes non autochtones subissent une échographie durant leurs premiers mois de grossesse, seulement 59% des femmes autochtones profitent de cet examen.

«Et cette différence ne peut pas être expliquée uniquement par le fait que les femmes autochtones sont plus nombreuses à vivre dans des communautés isolées», affirme Corinne Riddell, du département d'épidémiologie et de biostatistiques de l'Université McGill, l'une des auteures de l'étude.

Néonatalogiste à l'Hôpital des femmes de Colombie-Britannique, la Dre Leanne Dahlgren explique que l'étude a été motivée par le fait que les taux de mortalité et de morbidité des enfants des communautés autochtones sont plus élevés que dans la population générale. «Nous avons voulu enquêter sur cette différence», dit-elle.

Un total de 215 993 naissances survenues au cours des 12 dernières années en Colombie-Britannique, dont 9152 attribuables à des femmes des Premières Nations, ont été analysées.

«Nous voulions savoir si les femmes autochtones reçoivent un niveau de soins obstétricaux différent de celui des femmes non autochtones. Notre étude montre que oui», résume Mme Riddell.

Moins d'inductions et de césariennes

La Dre Dahlgren explique que les règles de bonnes pratiques en obstétrique prévoient que toute femme enceinte doit subir une induction si, 24 heures après avoir perdu ses eaux, son travail n'est toujours pas entamé.

Selon l'étude, alors que 67% des femmes non autochtones reçoivent une induction 24 heures après avoir perdu leurs eaux, seulement 58% des femmes autochtones sont dans la même situation.

«La différence est significative. Il reste maintenant à déterminer pourquoi», explique Mme Riddell.

Question d'accès? De différence culturelle? La Dre Dahlgren souhaite réaliser d'autres études pour mieux expliquer cet écart.

«Nous voulons mieux comprendre la situation des soins obstétricaux chez les femmes autochtones pour pouvoir agir. Par exemple, on doit savoir pourquoi ces femmes suivent moins d'échographies durant leur grossesse. On sait que ce test permet de détecter plusieurs situations. C'est important de comprendre ce qui se passe», dit-elle.