La ministre de la Santé, Rona Ambrose, a ordonné la répression des groupes qui font illégalement la promotion de la marijuana et a réaffirmé samedi la promesse des conservateurs: la vente de marijuana médicinale dans des dispensaires demeurera illégale tant qu'ils seront au pouvoir.

«Aujourd'hui, j'ai enjoint à Santé Canada de mettre sur pied une équipe spéciale qui pourra lutter contre la promotion illégale de la marijuana», a déclaré la ministre Ambrose dans un communiqué envoyé aux médias.

«Cette équipe spéciale veillera à ce que les personnes impliquées dans de telles activités illégales arrêtent de le faire et, si ces activités illégales se poursuivent, que leur cas soit soumis aux forces de l'ordre», a précisé la ministre conservatrice à la veille du déclenchement présumé des élections fédérales.

Plus tôt dans la journée, Santé Canada a publié un communiqué déclarant qu'il surveillera activement toutes les formes de publicité et de promotion de la marijuana, plutôt que d'agir principalement à la suite de plaintes du public.

En vertu de la loi, seules les «parties réglementées», dont les producteurs autorisés de marijuana à des fins médicales, peuvent publiciser des renseignements de base «qui ne sont pas promotionnels» sur leur produit.

Le communiqué stipule que Santé Canada «émettra des lettres de conformité s'il constate des infractions». Les contrevenants récidivistes s'exposent à des poursuites.

Saveur préélectorale

Le communiqué à saveur préélectorale de Rona Ambrose contient de multiples références au chef libéral Justin Trudeau et décrit sa position au sujet de la marijuana comme un «plan irresponsable».

«Pendant que Justin Trudeau souhaite légaliser la marijuana, ce qui ferait en sorte que les jeunes auraient moins de mal à s'en procurer et à la consommer, ce gouvernement conservateur s'oppose à tout ce qui rendrait les drogues illégales plus accessibles», affirme-t-elle.

Les libéraux ont répliqué en affirmant que l'approche des conservateurs en matière de marijuana était un «échec total».

Dans une déclaration transmise par courriel, le députée libérale de Vancouver-Centre, Hedy Fry, a affirmé qu'une étude menée par l'UNICEF en 2013 avait montré que le Canada avait le plus haut taux de consommation de cannabis chez les adolescents de tous les pays développés.

«L'idéologie de Mme Ambrose déçoit les Canadiens», a dit Mme Fry.

Même si la marijuana a été légalisée à des fins médicales si elle est prescrite par un professionnel de la santé, le gouvernement conservateur n'a jamais caché le fait qu'il désapprouvait son utilisation. «Le gouvernement du Canada ne cautionne pas l'utilisation de la marijuana, mais les tribunaux ont statué que les Canadiens doivent avoir un accès raisonnable à une source légale de marijuana à des fins médicales», précise le communiqué de Santé Canada.

Rona Ambrose s'était déjà exprimée sur le sujet, affirmant que l'innocuité et l'efficacité de la marijuana à titre de médicament n'a pas encore été prouvée.

La militante promarijuana Jodie Emery, de la Colombie-Britannique, a dit croire que l'opposition du gouvernement conservateur à la publicité de la marijuana est fondée sur «une approche idéologique plutôt qu'une approche scientifique basée sur la santé».

Elle a affirmé à La Presse Canadienne que «de nombreux patients, plus particulièrement la population vieillissante du Canada, ont besoin de davantage d'information sur la marijuana et la marijuana à des fins médicales».