Les systèmes de traitement de l'eau échouent à bien éliminer les drogues illicites, selon une nouvelle étude de l'Université McGill. Cela n'a probablement pas d'effet sur la santé humaine, mais pourrait avoir un impact sur les poissons.

Bonne nouvelle: l'unité d'ozonation que construit Montréal à sa centrale de traitement de l'eau de Rivière-des-Prairies éliminera ces molécules. «Nous étudions depuis 2008 les drogues illicites dans les eaux usées», explique l'auteure principale de l'étude publiée dans la revue Environmental Toxicology and Chemistry, l'ingénieure chimique Viviane Yargeau, de McGill. «Nous voulions nous en servir pour estimer la consommation, mais aussi pour évaluer la performance des traitements de l'eau conventionnels et plus avancés. On se posait la question de la persistance des drogues dans l'environnement et de l'impact sur l'environnement et la qualité de l'eau.»

La biodégradation des eaux avec les traitements conventionnels varie de 10 à 90 %. Les chercheurs ont déjà examiné des usines de traitement ontariennes, mais ils sont en train de faire la même analyse au Québec. Parmi les drogues connues, il n'y avait pas de traces d'ecstasy (MDMA) ou d'héroïne, probablement parce qu'elles sont peu consommées. Des médicaments utilisés comme drogue récréative, comme le fentanyl, ont été analysés. Y a-t-il des risques pour la santé humaine? «Non, pas à ces faibles doses-là», répond Mme Yargeau.

Même pour les nourrissons? «Pas si on prend chaque drogue isolément, dit l'ingénieure chimique. Si on tient compte du cocktail des drogues, des médicaments et des produits chimiques, peut-être. Je ne suis pas à l'aise de dire qu'il n'y a aucun impact. Mais il ne faut pas faire de sensationnalisme. Je la bois, l'eau potable. On ne peut pas éliminer toutes nos expositions aux produits chimiques et je ne crois pas que l'eau potable soit la principale source.»

Impact sur les poissons

Et les poissons? «Il n'y a pas d'études précisément sur les drogues, mais il y en a pour les médicaments, dont le mécanisme d'action n'est pas si éloigné de celui des drogues, dit Mme Yargeau. Il faut donc s'attendre à un impact sur les poissons.» Il ne devrait pas y avoir de risque pour ceux qui en mangent, en revanche, car les impacts sur les poissons ne sont généralement pas dus à la bioaccumulation des produits pharmaceutiques dans les tissus des poissons.

Les nouvelles technologies de traitement de l'eau régleront le problème, notamment l'unité d'ozonation que Montréal installera d'ici 2018 à son usine de Rivière-des-Prairies, au coût de 100 millions, selon la chercheuse de McGill.