La pénurie de pharmaciens dans les hôpitaux, qui s'était considérablement résorbée en 2013-2014, ne s'est pas améliorée en 2014-2015, révèlent les résultats de l'enquête annuelle de l'Association des pharmaciens d'établissement de santé du Québec (APES), obtenus par La Presse.

«Nous pensions que la pénurie allait être bien plus faible. Mais ce n'est pas le cas», note Linda Vaillant, directrice générale de l'APES.L'an dernier, la pénurie de pharmaciens d'établissement avait régressé de 2,4%, pour atteindre 20,3%. Cette année, la diminution n'a été que de 1,2%, et la pénurie a atteint 19,1%. Preuve que la situation a cessé de s'améliorer: le recours aux pharmaciens «dépanneurs» a connu une hausse de 10% cette année, alors qu'elle avait considérablement chuté l'an dernier.

«L'an dernier, le dépannage avait chuté de 27,6%. Cette année, il augmente. On sait que les pharmaciens dépanneurs coûtent beaucoup plus cher au réseau. Il faut limiter cette utilisation», soutient Mme Vaillant, qui estime que le recours aux pharmaciens dépanneurs coûte environ 15 millions par année.

La pénurie de pharmaciens dans les établissements de santé sévit depuis des années au Québec. Pour pratiquer en milieu hôpitalier, les pharmaciens doivent posséder une maîtrise. Or, pendant plusieurs années, l'écart salarial entre le privé et le public n'incitait pas les diplômés à poursuivre leurs études pour pratiquer en établissement. Bon nombre d'entre eux préféraient la pratique privée, plus lucrative.

En 2012, une prime a été accordée aux pharmaciens d'établissement pour tenter d'enrayer la pénurie. Selon Mme Vaillant, cette prime, qui s'étalera jusqu'en 2020, est encore essentielle.

La pénurie de pharmaciens touche inégalement les régions du Québec. Alors qu'elle atteint 28% en Estrie et 35% sur la Côte-Nord, elle n'est que de 14% à Québec et de 13% à Laval et dans Lanaudière.

Recrutement

Cette année, un total de 50 nouveaux postes de pharmaciens ont été affichés dans le réseau, soit plus que les deux années précédentes cumulées. Selon le président de l'APES, François Paradis, plusieurs raisons expliquent cette hausse du nombre de postes, dont le fait que les établissements de santé doivent gérer un nombre croissant de normes. «On doit aussi gérer les pénuries de médicaments, qui augmentent, et veiller à l'utilisation optimale des médicaments, car les établissements de santé ont compris que cela permettait des économies», note M. Paradis.

Selon lui, la solution pour régler la situation de pénurie est d'augmenter le nombre de places à la maîtrise. «Il y a 70 places actuellement dans les universités. Depuis trois ans, tous ces postes sont complets. Nous aimerions augmenter ces places à 80, puis à 90 rapidement», dit-il.

Taux de pénurie de pharmaciens d'établissement

• Capitale-Nationale: 14% (- 1%)

• Estrie: 28% (+ 7%)

• Montréal: 19% (- 1%)

• Outaouais: 19% (- 2%)

• Laval: 13% (+ 1%)

• Lanaudière: 13% (- 8%)

• Laurentides: 31% (0%)

• Montérégie: 18% (- 6%)

- Le chiffre entre parenthèses représente la hausse ou la baisse de la pénurie entre 2013-2014 et 2014-2015

Source : Association des pharmaciens d'établissement de santé du Québec