Le Conseil pour la protection des malades (CPM) poursuivra sa croisade contre l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS).

Le CPM déposera une plainte auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) visant cet organisme qui se charge entre autres d'effectuer l'analyse des médicaments et de recommander à l'État de les inclure ou non dans la liste des produits couverts par le régime public.

Il entend également demander à la CDPDJ de se livrer à un examen du processus d'évaluation de l'INESSS pour déterminer s'il est conforme à la Charte des droits et libertés de la personne.

Selon le président-directeur général du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, ces démarches vont être enclenchées, car « des facteurs un peu douteux » ont été relevés dans au moins un avis de l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux.

Il ajoute que l'INESSS prend visiblement en considération des « variables économiques inquiétantes » au moment où il a à déterminer si un aîné de plus de 70 ans doit ou non avoir droit à des médicaments contre certaines maladies aussi graves que le cancer.

M. Brunet soutient que « l'âge de la personne, le fait qu'elle soit sur le marché du travail ou non, le fait qu'elle soit productive économiquement ou non, le fait qu'elle nécessite ou non de l'aide... pèsent dans la balance ».

Paul Brunet estime que ces critères sont « discriminatoires » et qu'ils « frôlent l'âgisme ».

Le 24 mai dernier, son organisation avait déjà réalisé une sortie publique pour traiter de cet épineux dossier, ce qui n'a pas manqué de faire réagir certains citoyens, d'après lui.

« Une dizaine de personnes ont contacté le Conseil depuis ce temps. Parmi elles, il y avait certains malades qui ont le cancer [...] et qui aimeraient bien voir certains médicaments être couverts parce qu'ils n'ont pas les moyens de se les procurer, mais il y avait aussi des gens qui sont en santé et qui disaient: "Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là? C'est complètement injuste" ».

M. Brunet indique que son équipe a déjà tenté d'exprimer ses préoccupations en écrivant à l'INESSS en mars 2015, mais, selon lui, cette démarche est restée lettre morte.

Devant ce silence, il se promet de parler directement des inquiétudes du CPM avec le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, qui participera, lundi, au colloque annuel de l'organisation tenu à Laval.

Il espère que le dialogue sera constructif.

« On ne sera pas là pour "ramasser" personne. On sera là pour faire avancer les droits des usagers et s'assurer que l'État n'oubliera jamais que la seule raison d'être du réseau de la santé ce sont les malades », conclut Paul Brunet.