Le petit Malik Trépanier et sa famille n'en demandaient vraiment pas tant, mais aujourd'hui, avec tous les petits patients de l'Hôpital de Montréal pour enfants, il prendra part à un déménagement hors du commun.

Si le sort du Royal Victoria a fait couler beaucoup d'encre, le déménagement de l'Hôpital de Montréal pour enfants (qui se trouvait tout près de l'ancien Forum) vers le grand CUSM, sur le site Glen, a été plus discret.

Et pourtant, cela fait des mois que l'hôpital chorégraphie soigneusement le ballet d'aujourd'hui.

Dès 5 heures ce matin, les anciennes urgences pédiatriques ont été fermées ; au même moment, elles ouvraient au site Glen, prêtes à accueillir leurs nouveaux patients. Les autres unités de soins ont suivi à 7 h.

Activités réduites

Avec la collaboration de l'hôpital Sainte-Justine, l'Hôpital de Montréal pour enfants a pu réduire ses activités au minimum et aujourd'hui, il ne devait rester que quelque 70 enfants à transférer.

Malik sera de ceux-là. Atteint d'amyotrophie spinale, une maladie neuromusculaire dégénérative, il s'est mis à avoir des problèmes respiratoires lundi.

À deux ans, Malik en est à sa troisième hospitalisation et sa mère, Claudia McNeil, est bien consciente que cela se produira encore. Aussi est-elle soulagée que son fils soit bientôt traité dans un centre qui ne compte que des chambres individuelles.

Vu la fragilité de Malik, elle avoue être rassurée de le savoir dorénavant mieux protégé, dans son espace à lui, plutôt qu'à huit aux soins intensifs comme c'était le cas à ce jour.

À l'extérieur des soins intensifs, là où des enfants passent parfois des années entières à l'hôpital, certaines chambres hébergeaient jusqu'à quatre patients.

Comme l'explique Valérie-Ann Laforest, infirmière clinicienne aux soins intensifs, le déménagement d'un hôpital pour enfants est particulièrement exigeant. « Cela fait plus d'un an qu'on le planifie et qu'on fait des simulations, raconte-t-elle. Le plus dur, c'est qu'on n'est jamais sûr de l'âge des enfants à transférer. Des nourrissons ont besoin d'être déplacés dans un incubateur, les enfants de deux ou trois ans, dans des petits lits avec un harnais spécial, mais on peut aussi avoir des grands de 17 ans ! »

Un seul parent pourra accompagner son enfant durant le trajet en ambulance. Ceux des enfants aux soins intensifs ne pourront pas monter dans l'ambulance en raison des équipements qui occupent beaucoup de place. Si l'état d'un patient est instable, il sera transféré plus tard dans la journée.

Le dernier étient la lumière

Le Children's du 2033, rue Tupper fermera lorsque le dernier patient aura été transféré.

Le sort de l'édifice n'est pas encore connu. Il sera offert en priorité au réseau de la santé ou il sera vendu.

Le personnel a hâte de travailler dans des locaux mieux adaptés, mais ce n'est pas sans un petit pincement au coeur que se font les adieux au vieil hôpital qui date de 1956. Là-bas, il faudra se fondre dans un immense hôpital pour adultes « et on a un petit peu peur de perdre ce si bel esprit de famille », confie Mme Laforest.

Du côté des enfants, pas d'états d'âme. Vendredi, à deux jours du jour J, Malik n'en avait que pour Ratatouille qui le faisait craquer de rire.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Atteint d'amyotrophie spinale, une maladie neuromusculaire dégénérative, Malik s'est mis à avoir des problèmes respiratoires lundi. Il fait partie des patients déménagés.