Les appareils sans-fil comme les téléphones intelligents et les tablettes ont assurément facilité les communications, et plonger dans l'univers numérique n'a jamais été aussi facile et à portée de main.

Mais l'omniprésence de la technologie est également une source d'inquiétudes pour ceux qui craignent les effets nocifs sur la santé de l'exposition aux ondes électromagnétiques émises par ces appareils.

Les craintes relativement à l'exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquences ont récemment été soulevées devant le Comité permanent de la santé du Parlement, qui a écouté pendant trois jours les exposés d'experts médicaux internationaux, de groupes de pression et d'acteurs de l'industrie à ce sujet.

Ce comité, formé de membres de tous les partis politiques, préparera un rapport tiré de ces témoignages, document qui sera déposé à la Chambre des communes au cours des prochaines semaines, selon la députée libérale Hedy Fry, qui a déposé une motion demandant au comité d'étudier les dangers potentiels des émissions sans-fil.

Le rapport pourrait inclure des recommandations à l'intention de Santé Canada et suggérer, par exemple, au ministère de réenvisager de limiter les expositions en vertu d'une règle connue sous le nom de Code de sécurité 6, qui s'appuie sur le principe voulant qu'il soit préférable d'être prudent plutôt que de le regretter.

En mars, Santé Canada a modifié les règles du Code de sécurité 6 après un examen des recherches internationales effectué par un groupe d'experts de la Société royale du Canada, qui ont jugé que les limites actuelles d'exposition semblaient adéquates.

Son rapport d'avril 2014 conclut cependant que Santé Canada devrait effectuer davantage de recherches afin de déterminer s'il existe un lien entre les émissions et des cas de cancer, suggérant également que les enfants pourraient avoir besoin de plus de protection.

Certains détracteurs affirment que le rapport du groupe d'experts fait fi de 140 études ayant fait mention d'un lien possible entre les champs électromagnétiques de radiofréquences et certains types de cancer, de même que d'autres troubles de la santé, comme l'hypersensibilité électromagnétique.

«Nous espérons que le comité enverra un message clair à Santé Canada, lui indiquant qu'il n'a pas suivi les normes internationales lorsqu'il a étudié les preuves», a indiqué Frank Clegg, président de l'organisme à but non lucratif Canadiens pour une technologie sécuritaire.

«Le gouvernement a maintenant la responsabilité de faire savoir aux Canadiens qu'il existe une grande probabilité qu'ils puissent subir des conséquences négatives s'ils n'utilisent pas ces appareils correctement», explique M. Clegg, qui appuie le projet de loi C-648 du député Terrence Young, qui exigerait que les manufacturiers incluent clairement des mises en garde sur les emballages de leurs téléphones cellulaires et autres appareils sans-fil.

«Nous ne disons pas de ne pas utiliser la technologie. Nous disons seulement qu'il faut l'utiliser de façon sécuritaire.»

Les études internationales qui se sont penchées sur les effets négatifs potentiels sur la santé des cellulaires, des tours cellulaires, du Wi-Fi et d'autres équipements en sont arrivées à des conclusions mitigées, souligne Paul Demers, qui a présidé le groupe d'experts de la Société royale du Canada.

«Cela demeure un sujet controversé, mais quand différentes agences gouvernementales à travers le monde mettent sur pied des comités d'experts pour évaluer l'enjeu, elles en concluent que les preuves ne sont toujours pas là», explique M. Demers, qui dirige le Centre de recherche sur le cancer professionnel d'Action Cancer Ontario.

En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé avait conclu que les champs de radiofréquences étaient «possiblement» cancérigènes.

«Mais les preuves sont toujours mitigées», rappelle M. Demers.

Des études ont suggéré que les téléphones cellulaires pourraient faire augmenter les risques de certaines tumeurs au cerveau - principalement chez les grands utilisateurs -, mais d'autres recherches n'ont découvert aucun lien. Des médecins ont rapporté qu'un petit nombre de femmes qui transportaient leur téléphone dans leur soutien-gorge avaient développé une forme inusitée de cancer du sein, mais il n'existe aucune preuve de cause à effet. D'autres chercheurs ont établi des liens entre les émissions et l'infertilité, appuyés par des études montrant les effets des expositions sur le sperme.

«L'une des choses qui nous ont toujours fait réfléchir est que certaines de ces études ont décelé une forte augmentation des risques de (tumeurs au cerveau) associée à toute utilisation d'un téléphone cellulaire. Mais si c'était le cas, le nombre de cas de tumeurs au cerveau à travers le monde serait en hausse en ce moment, et il ne l'est pas», explique M. Demers.

«S'il existe certains types d'effets plus minimes, cela demeure possible. Il se pourrait que nous ne les utilisions pas depuis assez longtemps pour avoir observé un effet (...) Il nous faut souvent des décennies avant d'observer une tendance associée à une hausse des risques de cancer.»

«Nous en sommes encore aux débuts et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous demandons que les recherches se poursuivent.»