Le ministre Gaétan Barrette menace de sanctionner les dirigeants du réseau de la santé qui ne font pas respecter sa directive visant à mettre fin au marché noir des bains dans les CHSLD.

La Presse a révélé mardi que des préposés aux bénéficiaires continuent de donner des bains au noir dans certains CHSLD, malgré la directive que le ministre a annoncée la semaine dernière.

Selon M. Barrette, « c'est un peu normal » que la directive ne soit pas encore respectée parce que « ce n'est jamais instantané ces affaires-là ». Mais « elle le sera », a-t-il promis en marge d'une réunion du caucus libéral mardi.

Il a souligné qu'en vertu de la loi 10 sur la réorganisation du réseau de la santé, l'imputabilité des nouveaux dirigeants a été rehaussée. « Les évaluations des directeurs seront telles que ce genre de choses-là », le respect des directives ministérielles, « sera évalué ». « Et les gens qui ne feront pas le travail pour lequel ils sont bien payés, oui, il y aura des sanctions. Mais on le verra aux évaluations annuelles », a-t-il affirmé. Il n'y aura toutefois pas d'enquêtes sur le terrain : il invite toute personne à faire des dénonciations. « Je ne vais pas envoyer des inspecteurs dans chacun des CHSLD pour voir si le soir les bains sont donnés au noir ou pas au noir », a-t-il dit.

Selon lui, « l'idée n'est pas d'interdire d'avoir un bain contre rémunération », mais plutôt d'éviter les situations de conflit d'intérêts de la part des préposés et le travail au noir. Il est possible de recourir aux services d'une entreprise d'économie sociale pour obtenir un bain supplémentaire par semaine. Les tarifs ne sont pas encadrés par le gouvernement, mais ils sont « modestes », a souligné M. Barrette.

Le gouvernement ne doit pas adopter une norme pour, par exemple, prévoir deux bains par semaine, selon lui. « Ce n'est pas une norme qui est médicalement responsable », a-t-il dit. Et pour étayer sa position, il a cité l'ex-ministre péquiste de la Santé, Réjean Hébert, qu'il a pourtant déjà dépeint comme un menteur et un démagogue. « Je vais faire une première : je vais lui donner raison », a-t-il lancé. Il a expliqué que, comme l'a dit M. Hébert, certaines personnes âgées ont un déficit cognitif important, ont « peur de l'eau », et ne peuvent recevoir un bain à moins de recourir aux « tranquillisants ».

« Il faut laisser aux équipes soignantes le soin de déterminer ce qui est approprié » en matière d'hygiène, a soutenu M. Barrette. Les plans de soins sont-ils effectivement suivis ? Le bain hebdomadaire est-il donné chaque fois lorsque requis ? Le ministre croit que oui. « C'est parfaitement faisable pour nous de faire des évaluations de dossier, des contrôles, a-t-il ajouté. C'est possible pour le Collège des médecins et l'Ordre des infirmières aussi. Il y a des mécanismes prévus dans nos réglementations pour faire ces inspections, et ce sera fait. »