Les larmes aux yeux, le père des jumelles ontariennes atteintes du syndrome d'Alagille a remercié le donneur de foie qui a permis de sauver la deuxième petite.

Marquant parfois une pause pour prendre une respiration, Michael et Johanne Wagner ont affirmé aux journalistes réunis à l'hôpital pour enfants de Toronto qu'ils espéraient maintenant une longue vie avec leurs enfants.

«Merci pour votre générosité», a dit la mère, une des jumelles dans ses bras. «Il n'y a pas d'autre mot que merci.»

L'histoire de Phuoc et Binh Wagner a fait le tour du pays. Adoptées au Vietnam à l'âge de 18 mois, elles sont les plus jeunes des neuf enfants du couple, qui a eu cinq enfants avant de décider d'en adopter quatre autres.

Le couple savait que les jumelles éprouvaient des problèmes de foie, mais n'en connaissaient pas la gravité. Elles souffrent du syndrome d'Alagille, un trouble génétique qui touche les organes vitaux. Sans un don de foie, elles allaient mourir.

Le père, Michael Wagner, était un donneur compatible et a donné une partie de son propre foie. Mais son don ne permettait de sauver qu'une seule des deux fillettes. Ne pouvant choisir laquelle des deux filles obtiendrait la greffe, le couple avait demandé aux médecins de choisir. Phuoc a donc reçu une portion du foie de son père en février dernier.

La famille a alors lancé un appel très médiatisé à la population afin de trouver un autre donneur. Sur les quelque 500 personnes qui se sont manifestées, 70 ont été retenues.

Un donneur anonyme a ensuite été sélectionné. Le prélèvement d'une partie de son foie et la transplantation à Binh ont eu lieu il y a plusieurs semaines. Le moment exact est gardé confidentiel pour respecter l'anonymat du donneur. Lundi, les autorités de l'hôpital ont indiqué que le donneur et la petite se portaient bien tous les deux.

Même la famille Wagner ignore l'identité du donneur.

«Il a été incroyablement courageux de se manifester et de donner un tel cadeau. Il a mis sa vie en jeu pour quelqu'un qu'il n'a jamais rencontré et a changé nos vies à jamais», a déclaré M. Wagner, alors que des larmes roulaient sur son visage.

Un médecin de l'hôpital pour enfants de Toronto a affirmé que la petite Binh se remettait bien malgré quelques pépins survenus après la chirurgie.

Phuoc, de son côté, semblait complètement remise de la greffe, mardi, serrant ses parents, souriant aux caméras et saluant les journalistes de la main.

«Ce n'est pas possible de faire de comparaisons entre les deux soeurs, a indiqué l'hépatologue Binita Kamath, mais nous nous attendons à ce que Binh se remette bien.» Les deux pourront mener une vie normale, selon elle, et les foies grandiront en même temps qu'elles.

«Nous nous attendons à ce qu'elles puissent aller à l'école, jouer, faire les mêmes activités que les autres enfants, à condition qu'elles fassent l'objet d'une supervision médicale continue et prennent des médicaments immunosuppressifs pour que leur corps ne rejette pas le foie qu'elles ont reçu.»

La famille Wagner s'est également faite porte-parole d'un jour pour le don d'organes. «Cela sauve des vies, ça marche, a déclaré Johanne Wagner. Chaque jour devrait être la journée du don d'organe. S'il-vous-plaît, parlez-en autour de vous.»