Malgré une directive du ministre Gaétan Barrette, des préposés aux bénéficiaires continuent de donner des bains au noir dans des centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

La Fédération professionnelle des préposés aux bénéficiaires du Québec (FPBQ) affirme en effet que des membres lui ont signalé que la pratique, normalement interdite en vertu de la directive ministérielle, se poursuit.

Mercredi dernier, la Coalition avenir Québec a révélé que dans des CHSLD des Laurentides, des préposés aux bénéficiaires offrent leurs services en dehors des heures de travail et en échange d'argent comptant pour donner un deuxième bain par semaine aux personnes âgées. Une pratique non seulement connue, mais approuvée par les dirigeants.

Après vérifications, Gaétan Barrette a constaté que ce phénomène a cours dans plusieurs régions. «Le problème premier qui existe ici, et qui sera réglé dès aujourd'hui, est celui, un, du marché, et deux, du conflit d'intérêts que les employés ont face à la clientèle qui est par définition vulnérable, a dit le ministre jeudi. Une directive a été envoyée au réseau au complet. Les 33 [dirigeants] ont eu la directive formelle d'arrêter cette pratique.»

Directive

Or, dans les faits, le marché noir des bains existe toujours.

Selon le président de la FPBQ, Michel Lemelin, les dirigeants des CHSLD ont rencontré vendredi les préposés aux bénéficiaires pour savoir s'ils offrent un tel service au noir et leur demander de ne plus le faire. Mais dès le lendemain, des bains ont été donnés au noir dans des établissements. «Samedi, certains membres de la Fédération m'ont appelé et m'ont dit: "Michel, il y en a qui en font encore! "» Il n'a pas donné davantage de détails.

«Oui, il y a une directive. Mais vous savez, une directive, c'est suivi quand ça fait l'affaire. Ils vont dire au monde: "Faites pas ça." Mais probablement, au bout de quelque temps, ça va revenir», a-t-il souligné.

La FPBQ avait dénoncé dès 2011 au gouvernement Charest l'existence d'un marché noir des bains dans quelques régions. Cette pratique existe notamment en raison d'un manque de personnel, selon Michel Lemelin.

Dans certains établissements, «avec neuf patients pour un préposé, c'est sûr que les gens sont lavés, mais les coins sont tournés rond, comme on pourrait dire. C'est impensable pour un préposé de donner à une personne un bain adéquat avec neuf patients», a-t-il soutenu. Des préposés proposent donc un second bain en dehors des heures de travail, au noir. Dans d'autres établissements, même si le ratio y est de six patients pour un préposé, le bain hebdomadaire est donné à la va-vite afin de créer une demande. Et lorsque les préposés se font payer au noir en dehors des heures de travail, «ils mettent la gomme» pour satisfaire les clients et s'assurer que ceux-ci feront à nouveau appel à leurs services, a raconté M. Lemelin.