Un peu plus d'un mois après le bras de fer entre la direction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, l'établissement n'est pas au bout de ses peines.

Aucun remplaçant n'a encore été trouvé pour occuper le poste de directeur intérimaire du département de chirurgie, a appris La Presse. La crise qui perdure au CHUM, qui possède le deuxième département de chirurgie en importance au Canada, inquiète des chirurgiens au point qu'ils ont demandé au ministre de la Santé, Gaétan Barrette, d'intervenir.

«Le département est au bord de l'éclatement. C'est pour ça que nous avons demandé au ministre d'intervenir», dit l'un de ces chirurgiens qui préfère garder l'anonymat par crainte de représailles.

Au cabinet du ministre Barrette, on a refusé de confirmer ou d'infirmer l'existence de ces demandes d'intervention.

Il y a deux semaines, le chef intérimaire du département de chirurgie du CHUM, le Dr Conrad Pelletier, avait démissionné après qu'un de ses courriels eut circulé dans le bloc opératoire. Dans cette lettre, il demandait au recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, d'intervenir pour solliciter plus de candidatures à sa succession. À l'époque, seul le chef sortant, le Dr Patrick Harris, avait déposé sa candidature.

Trois candidats sont actuellement dans la course à la direction du département de chirurgie du CHUM: le Dr Michel Gagner, le Dr Patrick Harris et le Dr Richard Ratelle. Un comité de sélection doit rendre sa décision d'ici l'été.

Peu d'intérêt

Jusqu'à maintenant, aucun des 105 chirurgiens du CHUM n'a voulu prendre le relais du Dr Pelletier. Le président du CHUM, Jacques Turgeon, affirme être toujours «en discussion» avec les chirurgiens de son établissement. Une rencontre avec eux est d'ailleurs prévue aujourd'hui.

«Comme l'exige la loi, la directrice des services professionnels [la Dre Christiane Arbour] assure en attendant l'intérim», dit-il. La Dre Arbour n'est pas chirurgienne. M. Turgeon estime toutefois qu'elle peut très bien remplir la fonction. «Elle est entourée de quatre directeurs adjoints et de 12 chefs de service», note-t-il.

Lors d'une rencontre entre la direction du CHUM et certains chirurgiens, le 8 avril, plusieurs chirurgiens auraient proposé que le Dr Harris assure l'intérim en attendant. Cette demande a toutefois été écartée.

Le Dr Harris s'est retrouvé malgré lui au coeur d'une controverse le mois dernier. Le 5 mars, Jacques Turgeon avait démissionné pour dénoncer l'ingérence du ministre Barrette dans la nomination du futur chef du département de chirurgie du CHUM. M. Turgeon affirmait que le ministre lui imposait de renommer le Dr Harris sous peine de perdre la gouverne du CHUM.

Le ministre disait plutôt vouloir garder le Dr Harris et les autres chefs du CHUM en poste d'ici au déménagement de l'établissement, à l'été 2016. Cinq jours plus tard, M. Turgeon a finalement réintégré ses fonctions.