En dépit d'une promesse qui remonte à 2001, Québec n'a toujours aucun portrait complet de l'état et du déficit d'entretien de ses 2600 établissements de santé. Il investit également moins que prévu pour rénover ces bâtiments vieux de près de 50 ans en moyenne.

La Coalition avenir Québec (CAQ) a demandé en vain au ministère de la Santé, par l'entremise de la Loi sur l'accès à l'information, la liste des immeubles qui accusent un «déficit de maintien des actifs» et la valeur totale de ce déficit.

Négligence

Comme l'a déjà noté le Vérificateur général, le déficit de maintien des actifs «résulte du fait que les travaux visant à maintenir un parc d'infrastructures dans un état désiré n'ont pas été à la hauteur des besoins».

Or, le Ministère a répondu à la CAQ qu'aucun document ne contient le renseignement demandé.

Dans le plan de gestion des investissements publics en infrastructures pour 2015-2016, on note d'ailleurs que le Ministère «ne dispose pas d'un portrait normalisé et représentatif de l'état physique des immeubles en fonction de l'indice d'état gouvernemental».

Québec n'a pas non plus de données sur le nombre de bâtiments qui ont été inspectés dans les dernières années.

«Les établissements sont responsables, au premier plan, du maintien de l'état des immeubles», en fonction de normes édictées par le Ministère, ajoute-t-on.

Un engagement de 2000

À la suite d'un rapport du Vérificateur général déposé en 2000, Québec avait pris l'engagement l'année suivante de dresser un portrait de l'état de son parc immobilier.

L'échéancier a été repoussé sans cesse. Le Ministère «prévoit déployer un programme normalisé d'inspection des immeubles en 2015-2016, ce qui permettra de présenter progressivement un portrait de l'état et du déficit de maintien des immeubles du réseau de la santé et des services sociaux d'ici le 31 mars 2018», lit-on dans le plan de gestion. Or, ce portrait était promis encore tout récemment pour le 31 mars 2015.

Le même document précise que 461 millions de dollars ont été investis l'an dernier pour le maintien des actifs et pour résorber le déficit d'entretien - dont on ne connaît pas la valeur. C'est 100 millions de moins que ce qui était prévu.

Le CHUM et le CUSM

Il y a un peu plus de deux ans, le Vérificateur général dénonçait d'ailleurs dans un rapport que «depuis 2008, des sommes importantes prévues pour le maintien d'actifs ou la résorption du déficit d'entretien ont été affectées à d'autres investissements immobiliers», dont la construction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal et du Centre universitaire de santé McGill.

«En ce moment, on intervient à la va-comme-je-te-pousse, sans trop savoir les besoins réels, ce qui est urgent ou l'état de la situation, déplore le député caquiste François Paradis. On n'a pas besoin d'être un grand rénovateur pour se rendre compte que ça se détériore encore pendant ce temps-là. Il va falloir attendre à 2018 pour savoir ce qu'il faut faire pour conserver nos acquis. Et on parle d'établissements de santé!»