Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, n'est pas du tout impressionné par les menaces d'un exode des cerveaux s'il persiste à vouloir faire adopter son projet de loi 20.

Selon lui, ces menaces proférées par certains étudiants en médecine ne tiennent pas la route, compte tenu que les conditions de pratique offertes au Québec demeureront meilleures que ce qu'on trouve ailleurs au Canada de même qu'aux États-Unis, avec ou sans loi 20.

Quelques centaines d'étudiants en médecine des quatre facultés où ils acquièrent leur formation (Université Laval, Université de Sherbrooke, Université de Montréal et Université McGill) ont tenu une manifestation devant le parlement, lundi, pour exprimer leur opposition au projet de loi 20, qui vise à accroître l'accessibilité aux médecins en augmentant leur productivité.

Les médecins de famille devront respecter des quotas de patients, sous peine de subir d'importantes pénalités financières pouvant atteindre 30 pour cent de leur rémunération.

Vêtus d'un sarrau de médecin et stéthoscope autour du cou, environ 400 étudiants ont répondu à l'appel de la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ) de venir manifester à Québec pour dénoncer l'imposition de quotas aux omnipraticiens, certains arborant des pancartes au message peu flatteur: «Pas de quotas, gros tas!».

Le ministre Barrette n'a pas pris ombrage du slogan, assimilé à une manifestation de la «libre expression» des citoyens. Il ne peut y avoir «aucun de ce type de commentaires-là que je prends personnel», a-t-il dit en point de presse.

Le ministre a plutôt insisté pour soutenir que leur menace d'exil ne reposait sur aucun fait documenté.

«Je les invite à prendre leurs informations correctement. Je peux vous assurer que les conditions de pratique de la médecine sont immensément meilleures au Québec qu'aux États-Unis, et certainement meilleures qu'en Ontario aujourd'hui», a-t-il répliqué.

Plus tôt, certains manifestants avaient fait valoir que le projet de loi 20 pourrait inciter les futurs médecins à s'exiler pour améliorer leur situation.

Parmi eux, Narimane Mousselmal, une étudiante de première année de médecine à l'Université de Montréal, a dit que de nombreux étudiants songeaient à aller pratiquer en Ontario ou aux États-Unis pour fuir les futurs quotas. D'autres choisiraient d'opter pour le secteur privé. «Les gens en parlent», selon elle.

Le ministre de la Santé ne craint pas pour autant un exode des cerveaux, persuadé que les futurs médecins pourraient déchanter s'ils vont ailleurs. «Le réveil pourrait être difficile en débarquant de l'avion», selon lui.

M. Barrette est formel: «les charges de travail (des médecins) au Québec sont inférieures à celles au Canada».

Il soutient aussi qu'il n'y a pas de pénurie de médecins ailleurs au Canada.