Les coûts de la marijuana médicinale destinée aux anciens combattants ont grimpé de 4,3 millions $ pour l'exercice financier actuel - un chiffre dix fois plus élevé que l'année dernière.

Une note interne rédigée pour l'ancien ministre des anciens Combattants Julian Fantino révélait que le gouvernement fédéral avait seulement dépensé 417 000 $ pour la période financière 2013-2014.

Par ailleurs, selon les chiffres rendus publics par le ministère, le nombre d'anciens soldats admissibles à cette thérapie a plus que quadruplé, passant de 116 à 601 patients cette année. Même à l'automne, il n'y avait que 224 cas, selon un autre document du ministère.

La porte-parole du ministère Janice Summerby a réitéré la pertinence du programme pour les anciens combattants, soutenant que le gouvernement ne faisait pas ainsi la promotion de la marijuana.

«La marijuana (...) n'est pas un médicament ou un traitement autorisé au Canada et Santé Canada n'en font pas la promotion. Cependant, (le ministère des Anciens combattants) va aider les anciens combattants admissibles en remboursant les coûts de la marijuana à des fins médicinales si leurs médecins jugent qu'il s'agit d'une thérapie appropriée pour l'état de santé de l'ancien soldat et qu'ils l'autorisent selon les règles de Santé Canada», a-t-elle écrit dans un courriel.

Depuis l'année dernière, le ministère se questionne sur la contribution du ministère pour cette thérapie, qui devrait être au moins plafonnée, selon certains. D'autres voudraient carrément abolir le programme, qui avait été créé en 2008.

Cette augmentation considérable pourrait poser problème à Santé Canada, qui lance fréquemment des avertissements contre la consommation de marijuana. «Les faits scientifiques sont clairs. Consommation de marijuana égale risques pour la santé», disait-on dans une publicité de Santé Canada.

Le gouvernement Harper pourrait se retrouver aussi dans l'embarras - lui qui avait ridiculisé l'idée de légaliser la marijuana comme l'avait proposé le chef du Parti libéral du Canada Justin Trudeau.

L'année dernière, l'ancien ministre Julian Fantino avait envoyé à ses électeurs une brochure dans laquelle il accusait M. Trudeau de banaliser la consommation de la marijuana pour les jeunes Canadiens.

L'ancien réserviste Clayton Goodwin a indiqué que ces messages contradictoires compliquaient les démarches des patients qui voudraient se faire prescrire de la marijuana à des fins médicinales - un traitement qui est pourtant légal depuis 2001 au Canada.

Il a précisé que des anciens combattants souffrant de douleurs chroniques et d'anxiété voulaient avoir accès à la marijuana entre autres pour éviter de ressentir les effets secondaires de certains médicaments.

Il regrette d'ailleurs que les anciens soldats aient à débourser plus d'argent qu'avant pour s'en procurer. Avant le printemps de l'année dernière, le gouvernement avait fixé le prix d'un gramme à 5 $, mais maintenant, les producteurs autorisés peuvent demander le montant qu'ils veulent aux consommateurs, selon les règles du marché.

«(Tous) les Canadiens n'ont pas un accès assez grand aux producteurs autorisés à fournir (leurs) médicaments parce que (le gouvernement) n'a pas délivré assez de permis et qu'ils ont beaucoup trop de clients», a résumé M. Goodwin.