À l'occasion de la journée internationale de la Francophonie, la FTQ-Construction dénonce le recul du français sur l'imposant chantier du CHUM et exhorte l'Office québécois de la langue française à intervenir.

Le directeur général du syndicat affilié, Yves Ouellet, a fait cette sortie vendredi matin devant l'entrée du futur hôpital, à l'angle des rues Saint-Denis et Viger. «Ici, on bâtit en français», pouvait-on lire en retrait sur une immense banderole, tenue par une poignée de travailleurs de la construction.

M. Ouellet a déploré l'utilisation de l'anglais dans des documents, courriels et plans de construction fournis par le consortium Construction santé Montréal (CSM), qui pilote le projet depuis 2012. 

Ce consortium est composé de quatre firmes étrangères, soit deux anglaises, une espagnole et une française. «Ce consortium devrait savoir que ça se passe en français ici!», peste M. Ouellet, qui a adressé une plainte à l'Office québécois de la langue française en 2012. Il espère la mise en place d'un programme de francisation. «On demande au gouvernement de s'assurer que les communications se feront en français lorsqu'un tel contrat est signé et dès le premier jour», ajoute M. Ouellet.

Concrètement, le problème ne touche pas l'ensemble des milliers de travailleurs du chantier (3000 sont prévus l'été prochain), mais bien ceux qui ont des contacts avec les représentants de CSM.

Ces derniers, qui arpentent le chantier pour s'assurer du bon déroulement des opérations, auraient encore de la difficulté à s'exprimer en français. «Les employés du consortium donnent des directives en anglais aux sous-traitants et entrepreneurs francophones», souligne M. Ouellet.

Il donne aussi l'exemple d'une offre d'emploi rédigée récemment par le consortium pour l'embauche d'un manoeuvre spécialisé. «Premier critère très important : parle en espagnol, français et anglais pour le chantier du CHUM», peut-on lire en majuscule au bas de l'offre d'emploi obtenu par La Presse.

Du côté de CSM, on fait valoir que deux plaintes seulement ont été déposées à l'office entourant cet enjeu linguistique. «La signalisation est en français, la langue de travail est en français. On emploie plus de 90 sous-traitants et il n'y a que deux plaintes. Il y a des problèmes pires que ça et je pense que ça dérange que ce soient des entrepreneurs étrangers qui sont les maîtres d'oeuvre»,  croit le porte-parole du consortium Stéphane Mailhot.

Yves Ouellet ne voit pas les choses du même oeil. «Premièrement, il ne devrait même pas y avoir deux plaintes, il devrait y en avoir zéro! Je trouve l'excuse assez facile», s'emporte-t-il.

La FTQ-Construction ajoute que les entreprises québécoises ont l'expertise pour construire n'importe quel bâtiment et déplore l'octroi d'un tel contrat à des entreprises qui ne respectent pas le français.

Un représentant des monteurs-mécaniciens a pour sa part raconté sentir les inconvénients liés au non-respect du français dans son travail. «Les papiers, devis et plans sont en anglais et plusieurs de mes membres ne parlent pas anglais et viennent me voir pour se plaindre», explique Carl Gagnon.  

Il ajoute que les employés bilingues doivent régulièrement s'improviser traducteurs. «À un moment donné, ça fait des frictions. Ici, je pense qu'on est chez nous et qu'on devrait parler français», résume-t-il.