Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a exigé, jeudi, que les omnipraticiens offrent des garanties fermes quant aux volumes de patients qu'ils étaient prêts à suivre.

Mais le ministre est resté sur sa faim, car le président de la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ), le Dr Louis Godin, est demeuré vague, soucieux de préserver l'autonomie professionnelle de ses membres et rébarbatif à l'idée de voir des quotas de patients imposés aux médecins de famille dans le cadre du projet de loi 20.

Par exemple, selon le projet de règlement accompagnant le projet de loi, un médecin de famille devra suivre au moins 1008 patients, s'il a entre cinq et 14 ans de pratique, et 1512 patients, s'il a entre 25 et 34 ans de pratique. Une grille de pondération de ces volumes tiendra compte des différents types de clientèles. Plus une clientèle est vulnérable, moins le quota sera élevé.

Le ton était cependant conciliant entre le ministre et le représentant des omnipraticiens, lors de la présentation du mémoire de la FMOQ à la commission qui étudie le projet de loi controversé, ce qui tranchait avec le ton de confrontation qui présidait aux échanges avec la présidente de la Fédération des médecins spécialistes, la Dre Diane Francoeur, mardi.

En novembre, dès le dépôt du projet de loi, le Dr Godin l'avait qualifié de «totalitaire». Jeudi, le Dr Godin a quitté le parlement en se disant «satisfait» et en se montrant ouvert aux discussions avec M. Barrette.

Selon le ministre Barrette, la FMOQ commence à jeter du lest, sachant que «la majorité silencieuse» est du côté du gouvernement.

«Les médecins sentent la pression de l'opinion publique», a-t-il tranché.

«Ce que j'ai eu aujourd'hui, c'est un changement de discours significatif», a dit le ministre en point de presse, visiblement soulagé, en marge des travaux de la commission. Le dialogue semble désormais possible.

Mais «pour ce qui est des garanties, on est encore loin du compte», a ajouté le ministre, dont le projet de loi vise précisément à augmenter la productivité des médecins de famille en fixant des quotas précis de patients à traiter, sous peine de voir leur rémunération amputée jusqu'à 30 pour cent.

De son côté, malgré le mécontentement des médecins (omnipraticiens et spécialistes), le ministre, qui veut accroître l'accessibilité des malades aux médecins, entend demeurer inflexible quant aux volumes de patients qu'ils devront voir une fois la loi adoptée.

«Mes chiffres sont mes chiffres. Je ne change pas ma position», a-t-il dit.

Sauf que le «volume» de patients ne doit pas être un enjeu, selon le Dr Godin, qui soutient que ses membres sont cependant prêts à «faire les choses différemment», mais sans coercition.

La FMOQ soutient que ce projet de loi ne peut qu'aggraver le problème d'accessibilité plutôt que de le régler.

La Fédération suggère ainsi, entre autres, de ne plus obliger les médecins de famille à pratiquer dans les hôpitaux, pour les réaffecter plutôt dans les cabinets et les CLSC.