Le gouvernement fédéral offrira enfin une compensation aux victimes de la thalidomide, ce médicament prescrit aux femmes enceintes qui avait causé des malformations à leurs enfants. Or, les proches de ces patients considèrent que le montant promis de 125 000$ est nettement insuffisant.

La ministre de la Santé, Rona Ambrose a précisé vendredi que le versement de ce «paiement forfaitaire» serait l'abri de l'impôt. Le gouvernement pourrait aussi débourser jusqu'à 168 millions $ pour couvrir les dépenses médicales onéreuses de certaines victimes.

Les patients affectés se plaignent depuis des années de souffrir de préjudices liés au médicament, tels que des membres manquants, des organes absents, de la surdité, de la cécité et des défigurations.

Mme Ambrose a reconnu qu'aucune compensation ne pourrait réparer les torts causés. Toutefois, les victimes pourront au moins recevoir les soins nécessaires avec cette indemnité et continuer leur vie «dans la dignité», a affirmé la ministre.

«Le soutien que nous annonçons aujourd'hui est une mesure responsable, et c'est la bonne chose à faire. Les victimes et leurs proches ont fait preuve d'un grand courage en surmontant des difficultés particulières et quotidiennes découlant d'une situation dont ils ne sont aucunement responsables», a-t-elle ajouté en conférence de presse.

Il y aurait actuellement 95 victimes au Canada qui sont maintenant âgées dans la cinquantaine.

Anne-Marie Bainbrige, la mère d'une des patientes, dit avoir reçu la nouvelle comme une «claque au visage», elle qui s'attendait à ce qu'on leur donne un montant de l'ordre des 250 000 $. Sa fille Bernadette, âgée de 52 ans, n'a qu'une oreille, a des mains déformées, en plus d'être complètement paralysée du côté droit.

«Nous sommes extrêmement déçus (...) Mme Ambrose devrait vraiment avoir honte d'elle-même. Je suis profondément dégoûtée de le façon dont ça a été fait», a-t-elle lancé en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

Selon l'Association canadienne des victimes de la thalidomide, en dépit d'un refus des autorités des États-Unis d'autoriser le médicament dans les années 1960, celles du Canada avaient donné leur approbation. Le Canada aurait aussi tardé à retirer le médicament des tablettes.

Les patients affectés avaient déjà reçu une indemnité en 1991, mais ils ont martelé à travers les années qu'elle n'était pas assez généreuse.

L'année dernière, les élus de la Chambre des communes avaient appuyé à l'unanimité une motion du Nouveau Parti démocratique (NPD), visant à verser une nouvelle compensation aux victimes.

Mercedes Benegbi, directrice de l'Association canadienne des victimes de la thalidomide a salué le gouvernement fédéral pour son geste. Elle a précisé que son organisme examinerait prochainement les détails pour déterminer si les montants parviendront à subvenir aux besoins des victimes.

Mme Benegbi a expliqué que Santé Canada leur avait appris la nouvelle 30 minutes avant la conférence de presse. «Nous n'avons pas eu le temps de l'étudier avec attention. C'est un grand jour pour les survivants canadiens de la thalidomide, mais ce n'est peut-être pas la fin de notre combat», a-t-elle conclu.

Les victimes pourront retirer leur argent dans les prochaines semaines.