L'avocat Jean-Pierre Ménard, considéré par plusieurs comme le défenseur des patients, demande ni plus ni moins que de retirer le projet de loi 20 qui impose des quotas de patients aux médecins. Même si l'objectif d'accroître l'accessibilité aux services de première ligne est louable, les moyens pour y parvenir ne sont pas les bons, a-t-il martelé.

Me Ménard a rencontré la presse, lundi à son cabinet montréalais, pour exposer ses vues sur les projets de loi qui ont été déposés par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, et qui touchent les médecins, les pharmaciens et les structures du réseau de la santé.

L'avocat spécialisé en droit de la santé reproche au ministre Barrette son attitude de confrontation, voire de «matamore», et sa volonté de «planter» les omnipraticiens.

«La manière de procéder, je ne me l'explique pas. Un ministre qui fait des réformes devrait être capable de s'élever un petit peu au-dessus de la mêlée, ne devrait pas être dans un des coins du ring, où il affronte d'autres groupes. Et c'est ce qui se passe: dans un coin du ring, on a, pour le projet de loi 20, les médecins et les spécialistes ou, pour le projet de loi 28, les pharmaciens ou, pour le projet de loi 10, tout le réseau de la santé ou à peu près. Et dans l'autre coin du ring, c'est le ministre», a résumé Me Ménard.

Selon l'avocat, tous semblent oublier le patient qui est censé être au centre de toutes ces réformes.

«Dans un an, deux ans, trois ans, on va encore parler du problème d'accessibilité qui s'est aggravé», a-t-il prédit.

Pour régler les problèmes d'accessibilité aux soins de première ligne au Québec, il faut revoir le mode de rémunération des médecins et le fonctionnement des hôpitaux, croit Me Ménard. «Essentiellement, c'est une question de pouvoir. Le vrai courage du ministre, ça serait de s'attaquer à ça. Ce n'est pas de faire le matamore en insultant un groupe après l'autre», a-t-il opiné.

«Il est possible qu'un des éléments de solution passe aussi par l'accroissement de l'offre de services des médecins, dans certaines conditions. Mais de là à dire que tous les médecins omnipraticiens sont des paresseux et ne travaillent pas assez... Je pense que c'est une simplification un peu extrême», a commenté Me Ménard.

L'avocat partage l'opinion de la Fédération des médecins omnipraticiens selon laquelle le fait d'imposer des quotas de patients aux médecins, sous menace de baisse de leur rémunération, aura l'effet pervers de voir les médecins se concentrer sur les patients faciles, qui requièrent moins de leur temps, afin de respecter les quotas.

Me Ménard propose carrément de retirer le projet de loi 20 et de repartir à zéro, avec un véritable sommet sur l'accessibilité aux services médicaux. Et l'on devrait alors revoir entre autres le mode de rémunération des médecins, inclure dans cette accessibilité accrue aux soins les infirmières et les pharmaciens, mieux organiser les soins à domicile, revoir l'encadrement de la pratique médicale en milieu hospitalier, a-t-il plaidé.