Le Dr Julien espère que le premier ministre Couillard honorera sa promesse, malgré la période de restrictions budgétaires, de s'occuper des enfants vulnérables en bonifiant l'aide accordée aux organismes. On pourrait ainsi aider au moins 30 000 enfants défavorisés d'ici 5 ans.

À l'occasion de sa Guignolée et de la Journée de la pédiatrie sociale en communauté du Québec, le Dr Julien s'est dit inquiet que les politiques d'austérité frappent de plein fouet les couches les plus vulnérables de la société.

Toute la journée, le docteur a serré des mains des familles venues faire des dons à son centre de pédiatrie sociale du quartier Hochelaga. Les gens tenaient à le remercier pour son engagement, certains demandaient des conseils aux médecins et d'autres se faisaient prendre en photo avec celui qui est maintenant un visage familier dans le paysage médiatique québécois.

«Le gouvernement va couper partout où il peut, aucun domaine n'est épargné, mais on ne devrait pas toucher aux familles en grande difficulté. Mais on n'est pas sûr que ce soit pris en considération», a-t-il affirmé à La Presse au cours d'un entretien, le temps de rentrer se réchauffer dans son bureau et de prendre du sirop pour la toux.

Le Dr Julien affirme que les populations vulnérables qu'il côtoie ne sont pas préoccupées comme la classe moyenne par les politiques du gouvernement.

Il garde néanmoins espoir que les réformes du gouvernement permettent de dégager des sommes qui ne serviront pas qu'à éponger le déficit, mais qui permettront surtout d'investir dans le soutien aux enfants et aux familles vulnérables. «J'espère qu'on va arriver là, sinon c'est une vraie catastrophe», souligne-t-il.

«Dans son discours inaugural, le premier ministre s'est prononcé [en promettant de] faire davantage pour les enfants vulnérables, alors on le prend au mot», dit-il. Sa Fondation espère pouvoir réaliser un projet de 5 ans visant à développer le réseau des centres de pédiatrie sociale et ainsi aider non pas 4000 enfants, comme c'est le cas actuellement, mais bien de 20 000 à 30 000 enfants. «Ça implique un investissement du gouvernement et du public», ajoute-t-il.

Guignolées à Montréal-Nord et Verdun

Plusieurs centres de pédiatrie sociale organisaient également leur propre guignolée samedi au Québec, notamment le cas de la clinique de pédiatrie sociale de Montréal-Nord, qui en était à sa deuxième édition.

«On est très satisfaits, les gens de Montréal-Nord ont été très généreux, eux qui ne vivent pas dans un milieu extrêmement favorisé», a expliqué le Dr Stefan Téolis. Plus de 25 000 $ ont été amassés, soit le double de l'an dernier. Ces fonds sont essentiels à la survie du centre.

Le centre de pédiatrie sociale et communautaire de Verdun a également organisé sa collecte.

De son côté, la Guignolée du Dr Julien a permis de recueillir 842 000 $ cette année. La collecte se poursuit jusqu'en janvier. L'an dernier, 830 000 $ avaient été amassés à pareille date, ce qui représentait déjà une hausse de 66 % par rapport à 2012. «Il s'agit d'une augmentation inespérée», pouvait-on lire dans un communiqué de la Fondation du Dr Julien diffusé samedi soir.

Les fonds récoltés au cours de la Guignolée de cette année sont particulièrement nécessaires, alors que la subvention gouvernementale arrive à terme en 2015 et n'a pas encore été renouvelée.

L'an dernier, une somme de 1,3 million a été amassée, un record.

Depuis quelques années, les sommes amassées sont relativement stables. «Je crois qu'on a atteint un plateau, et si on maintient ce plateau, je serai très content. On n'est pas dans une course, si la population donne plus d'un million, c'est déjà énorme, compte tenu des conditions économiques.»

Le Dr Julien croit que l'empathie des gens et l'idée de partager en cette période du temps des Fêtes prévalent toujours dans le coeur des Québécois.

«Je ne suis pas pessimiste, notre cause est crédible», dit-il. Avant de sortir de son bureau, le Dr Julien a vidé les poches de son manteau. Il a ressorti une enveloppe qu'un inconnu lui avait glissée quelques heures plus tôt. En ouvrant la lettre, il a découvert un chèque. Il venait de recevoir un peu d'espoir... 10 000 $ d'espoir pour être plus précis.