La pénurie de pharmaciens dans les hôpitaux du Québec commence à se résorber, a appris La Presse. Cette année, il manque 260 de ces spécialistes dans les hôpitaux de la province, alors qu'au plus fort de la crise, il y a cinq ans, on dénombrait 280 postes vacants.

Preuve que la situation s'améliore: les 70 places de maîtrise en pharmacie dans les universités sont toutes occupées depuis deux ans, ce qui n'avait pas été le cas depuis le début des années 2000.

Contrairement aux pharmaciens du secteur privé, qui peuvent être titulaires d'un baccalauréat, les pharmaciens en milieu hospitalier doivent avoir une maîtrise.

«Le fait que toutes les places soient occupées dans les universités, c'est une bonne nouvelle. Ça montre que les jeunes sont intéressés par la pratique», a indiqué le président de l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), François Paradis.

Il est tout de même inquiet: «Il faut que la situation continue de s'améliorer. Dans le contexte de compressions actuelles, on a peur.»

«Les efforts pour redresser la situation ne doivent pas cesser, ajoute la directrice générale de l'APES, Linda Vaillant. Il faudrait que le gouvernement augmente le nombre de places en maîtrise dans les universités de 70 à 85.»

Selon l'APES, l'augmentation de la taille des cohortes de maîtrise coûterait 600 000$ au gouvernement. L'association reconnaît que dans le contexte de restrictions budgétaires actuel, la demande est osée. «Mais chaque année, le réseau dépense 15 millions pour payer des pharmaciens de dépannage, qui viennent pallier le manque de pharmaciens dans les hôpitaux. Si on avait plus de postes comblés, on économiserait», plaide Mme Vaillant.

Rattraper le temps perdu

Au milieu des années 2000, la pénurie de pharmaciens en établissement était majeure. «Il manquait aussi de pharmaciens au privé. Les grandes bannières recrutaient des candidats de façon très agressive», rappelle Mme Vaillant.

Les salaires des pharmaciens en établissements étaient bien moins alléchants que ceux du secteur privé. L'écart salarial se chiffrait à 35%.

«Au fil des ans, il y a eu des ajustements. Les salaires sont meilleurs. On a fait beaucoup de promotion. La situation s'améliore lentement. Mais les bonnes pratiques doivent se poursuivre», note M. Paradis.

Gel des effectifs

L'APES s'inquiète aussi du projet de loi 15 du gouvernement, qui prévoit un gel des effectifs des ministères, des organismes et des réseaux du secteur public en 2015-2016. «Le gouvernement dit qu'il fera un dénombrement des postes et que ce nombre devra rester inchangé. Mais chez nous, il y a 260 postes non comblés. Ne pas en tenir compte serait un non-sens total», dit Mme Vaillant.

Au cabinet du président du Conseil du trésor, Martin, Coiteux, on mentionne que le projet de loi 15 est «à l'étude». «Les pharmaciens d'établissement nous ont transmis un mémoire à ce sujet. Nous sommes en train de regarder les mémoires de tous les groupes, et si des changements sont nécessaires, des amendements seront apportés au projet de loi», a dit l'attachée de presse, Marie-Ève Labranche.