Les jeunes Québécois connaissent mieux les drogues de synthèse que leurs aînés, mais ils en craignent moins les conséquences, qui peuvent pourtant être fatales, révèle un sondage CROP que l'organisme d'aide aux toxicomanes Portage doit rendre public aujourd'hui.

Le coup de sonde, mené sur le web auprès de 1000 adultes entre les 14 et 18 août, révèle que 16% des Québécois connaissent quelqu'un qui utilise des drogues de synthèse - GHB, amphétamines, méthamphétamines, «sels de bain», ecstasy ou kétamine, notamment. Chez les 18-34 ans, ce nombre passe près de doubler: 30% de ces jeunes connaissent quelqu'un qui consomme des drogues «chimiques».

«Je ne suis pas surprise», admet Danielle Des Marais, porte-parole de Portage et elle-même ex-consommatrice de drogues de synthèse. «Les drogues de synthèse ont toujours été là, mais le contexte dans lequel les gens en consomment est plus accepté. C'est tellement disponible que c'est devenu banal.» Selon elle, les «pilules» étaient l'apanage des amateurs de «rave» il y a quelques années, mais elles ont gagné en popularité depuis. «Là où le problème a commencé, c'est quand on a vu qu'il y avait une demande et que des gens se sont mis à créer des drogues de synthèse en mettant n'importe quoi dedans», déplore Mme Des Marais.

Jouer à la roulette russe

À preuve, une étude publiée en 2008 par Santé Canada révélait que moins du quart (22,5%) des comprimés vendus comme étant de l'ecstasy sur le marché québécois contiennent bel et bien, et uniquement, de la MDMA (pour méthylènedioxyméthamphétamine, le nom scientifique de l'ecstasy). Sans surprise, donc, Mme Des Marais compare la consommation de drogues de synthèse à une joute de roulette russe, car elle risque tout autant d'être fatale. À Montréal, en mai seulement, une quinzaine de personnes sont mortes et une trentaine d'autres ont été gravement intoxiquées après avoir consommé ces drogues, rapporte Portage.

Or, si les jeunes disent connaître les drogues de synthèse, ils semblent en minimiser les effets, selon le sondage. Seulement 59% d'entre eux croient que les drogues de synthèse représentent un danger dès leur première utilisation. Chez l'ensemble des personnes sondées, ce pourcentage grimpe à 74%.

«Je crois que les ados sont mieux informés que les 18-34 ans, qui ne sont pas le public cible du gouvernement, avance Danielle Des Marais. Les adolescents sont plus au courant qu'eux, parce que la police et les groupes comme Portage font de la prévention dans les écoles.»

Quand même, 78% des répondants ont déclaré que l'enjeu des drogues de synthèse est «préoccupant». Mais les Montréalais, eux, se sont montrés moins inquiets. Ils ont été 75% à se dire préoccupés, faisant diminuer le pourcentage qui, ailleurs au Québec, atteint les 80%. Les résidants de la métropole ont aussi été moins nombreux à dire considérer que les drogues chimiques sont plus dangereuses que les drogues traditionnelles. Seuls 53% d'entre eux se sont prononcés en ce sens, une proportion légèrement en dessous de la tendance québécoise, établie à 59%.

Aussi, 55% des participants au sondage ont déclaré que l'accès à des drogues de synthèse est plus facile ou aussi facile que l'accès à d'autres drogues. Les hommes ont donné l'impression d'avoir accès à ces drogues plus facilement que les femmes: 63% d'entre eux ont dit qu'il était plus facile ou aussi facile d'avoir accès à des drogues de synthèse que des drogues traditionnelles, tandis que 47% de femmes en ont dit autant.