Au Québec, il s'écoule plusieurs mois entre le moment où un patient doit voir une nutritionniste et celui où le premier rendez-vous est obtenu dans le réseau public. Pour régler ce problème d'accès déficient, une nutritionniste de la province veut créer une ligne de référence accessible en tout temps partout dans la province. Une sorte de ligne Info-Santé pour la nutrition.

« Avoir accès à des services publics en nutrition est très difficile au Québec. En région éloignée, c'est encore pire. Un centre d'appels sur la nutrition, qui offrirait des services un peu comme la ligne Info-Santé, pourrait corriger une bonne part de problèmes », estime la nutritionniste Lynda Dubé, présidente de Nutria.

Celle-ci s'est récemment enregistrée au Registre des lobbyistes pour faire cheminer son idée auprès du ministère de la Santé. Elle estime avoir besoin de 2,3 millions sur trois ans pour réaliser son projet.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on affirme ne pas avoir encore étudié cette proposition.

« La ligne permettrait de répondre à plusieurs questionnements, que ce soit comment introduire les aliments solides chez les poupons, comment lire une étiquette nutritionnelle si on est diabétique... », énumère Mme Dubé.

Elle mentionne que de nombreuses informations erronées circulent sur l'internet et dans les médias. « Par exemple, on présente différents régimes miracles. On dit qu'une diète sans gluten permet de maigrir, alors que ce n'est pas nécessairement vrai. Dans certains centres de conditionnement physique, on dit aux athlètes qu'il faut prendre des suppléments de protéine pour performer, alors qu'une bonne alimentation suffit souvent... Une ligne d'appel permettrait de répondre à ce genre de questionnements », indique Mme Dubé.

Un problème depuis toujours

Du côté de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec (OPDQ), on ne se positionne pas sur la pertinence d'avoir une ligne d'info-nutrition. On reconnaît toutefois que le problème d'accès aux nutritionnistes dans le réseau dure « depuis toujours ». « Il n'y a pas assez de postes dans le réseau actuellement », note la présidente de l'Ordre, Paule Bernier.

Celle-ci espère que le projet de loi 10, qui réorganisera le réseau, permettra de rapprocher la population des services en nutrition. Car les conséquences du manque d'accès sont graves. « Chez les patients qui souffrent de dénutrition, la durée de séjour à l'hôpital augmente de 28 %. Et un patient sur cinq revient à l'hôpital dans les 30 jours. Si on avait des services nutritionnels complets, on économiserait », estime Mme Bernier.