Une évaluation du coût des soins à Montréal montre qu'il en coûte beaucoup plus cher qu'ailleurs au Québec pour les mêmes services. Le réseau de la santé montréalais peut donc atteindre les cibles de coupes demandées sans toucher aux services, estime le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

«C'est particulier à Montréal, à la grande région de Montréal», résume-t-il. Il souligne qu'il ne serait pas influencé par les fuites, orchestrées depuis la métropole, pour dénoncer les coupes prévues dans son projet de loi 10, déposé la semaine dernière à l'Assemblée nationale.

«À Montréal, les services au prix unitaire sont beaucoup plus élevés, à cause de la gestion. Le même soin qui coûte 66 000$ à Montréal coûte 27 000$ ailleurs. On parle parfois du simple au triple, c'est historique. Et dans certains secteurs, c'est généralisé», a soutenu le ministre. Réticent à nommer les sources de ces dépassements, il précise toutefois qu'en réadaptation et en psychiatrie, les factures à Montréal sont toujours plus lourdes qu'ailleurs.

Selon lui, le fait de revenir à des coûts plus réalistes dans ces domaines ne signifie pas que les services seront touchés. «Si, au lieu de prendre trois personnes, on n'en prend qu'une, comme ailleurs au Québec, les services ne sont pas réduits», résume-t-il. Sabrer le personnel d'encadrement souvent plus lourd à Montréal ne signifie pas que les services seront amputés, répète-t-il.

En revanche, le Dr Barrette a dès hier indiqué que les coupes dans les allocations aux personnes souffrant de déficience intellectuelle qui consentent à faire du bénévolat ne sauraient être acceptées. Québec débourse 4,30$ par jour pour les dépenses encourues par ces personnes. Un coup de fil a été donné pour s'assurer que cette décision serait suspendue, a assuré le ministre, qui commentait un reportage de Radio-Canada diffusé lundi.

Échange musclé

Ces compressions qui généreraient des réductions de services pour certains groupes de démunis ont nourri un échange musclé à l'Assemblée nationale entre le chef péquiste, Stéphane Bédard, et Philippe Couillard.

«Dans un bon système de santé, c'est le patient qui devrait être au milieu, pas le ministre. Actuellement, tout ce qu'on a, c'est un ministre qui joue dans les grands ensembles, qui ne s'occupe pas des effets sur la population», a attaqué Me Bédard.

Pour Philippe Couillard, ces décisions sont «totalement inacceptables» même s'il faut redresser les finances publiques. «Ça ne peut se faire aux dépens des personnes vulnérables, notamment des personnes aînées et des personnes handicapées. Il n'est pas question, pour nous, d'accepter ce genre de scénario de quelque organisme public que ce soit.» Le ministre de la Santé aura l'occasion d'avoir des conversations directes avec les autorités du système de santé à Montréal.