Les augmentations de salaire de 1,2 milliard de dollars promises aux médecins seront finalement versées sur huit ans plutôt que deux. Et Québec ne déboursera pas un sou cette année, comme il le voulait.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a annoncé mercredi matin la conclusion d'une entente de principe avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Il a confirmé quelques heures plus tard, en après-midi, qu'un accord est également intervenu avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).

« Je suis content de voir que la profession médicale participe à l'effort de redressement des finances publiques du Québec. C'est une très bonne nouvelle pour le Québec », a réagi le premier ministre Philippe Couillard.

Pour le président de la FMOQ, Louis Godin, l'entente est « satisfaisante dans les circonstances ». « C'est sûr qu'au départ ce n'est pas une situation qui nous fait plaisir. Avoir une entente signée puis avoir à la reporter sur huit ans, ce n'était pas notre premier choix. Mais l'état des finances publiques étant ce qu'il est, et je ne pense pas qu'on nous monte un bateau avec ça, on nous a demandé de faire un effort. On est les premiers à convenir de quelque chose avec le gouvernement pour faire un effort, et on espère qu'on ne sera pas les seuls », a-t-il affirmé à La Presse. La présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, n'a pas voulu faire de commentaires.

Les hausses salariales de 1,2 milliard devaient être versées cette année et l'an prochain en vertu d'ententes conclues par le gouvernement Charest à l'époque où Yves Bolduc était ministre de la Santé et où Gaétan Barrette présidait la FMSQ. Rappelons qu'avec ces ententes, la rémunération des médecins a augmenté de 67 % entre 2008 et 2013.

Le gouvernement Couillard a décidé de revoir les ententes parce que les finances publiques sont dans le rouge. Le printemps dernier, il a proposé d'étaler les augmentations salariales sur 15 ans, une offre jugée inacceptable par les fédérations. Il a par la suite ramené l'échéancier à neuf ans.

Les négociations ont pris les allures d'un feuilleton au cours des derniers mois. Le ministre est passé d'ultimatum en ultimatum, brandissant à plusieurs reprises la menace d'une loi spéciale. Il y a eu déblocage avec la FMOQ la semaine dernière, mais au même moment, les discussions tournaient au vinaigre avec la FMSQ. Les partis se sont finalement retrouvés à la table de négociation durant la fin de semaine. Les pourparlers ont progressé, en particulier dans la nuit de mardi à mercredi. Pour M. Barrette, ce fut une négociation « normale, tout à fait correcte, avec les stratégies habituelles ».

« Les fédérations ont fait des concessions substantielles », a-t-il souligné. Il a donné peu de détails sur les ententes de principe. Mais chose certaine, le gouvernement ne versera aucune hausse salariale pour l'année en cours. Il devait obtenir ce gain à la table de négociation : dans son budget, il n'avait mis de côté aucune somme pour hausser le salaire des médecins.

Philippe Couillard a laissé entendre que le montant qui sera consenti en 2015-2016 ne représentera pas un fardeau trop lourd. C'est fondamental pour le gouvernement, qui s'est engagé à retrouver l'équilibre budgétaire cette année-là.

Les ententes devront être ratifiées par les membres de la FMOQ et de la FMSQ au cours des prochains jours. La FMSQ tient une assemblée générale jeudi soir ; celle de la FMOQ est prévue le 4 octobre.

Par ailleurs, Gaétan Barrette déposera à l'Assemblée nationale jeudi son projet de loi pour réformer l'organisation du système de santé et abolir les agences régionales.

Photo Jacques Boissinot, PC

Le ministre Gaétan Barrette