Si dangereux soit-il, le virus d'Ebola «ne saute pas sur le monde», a soutenu hier le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Les chances que les Québécois soient contaminés par ce virus sont «infinitésimales», insiste-t-il.

Jusqu'ici, de huit à dix cas de fortes fièvres ont soulevé des inquiétudes dans les hôpitaux montréalais, tous apparus chez des patients de retour d'Afrique. Or, après une évaluation plus serrée, il est apparu clairement qu'il s'agissait de crises de malaria. En effet, le paludisme se manifeste dans un premier temps par des symptômes similaires à ceux de la fièvre hémorragique, mais à la différence de celle-ci, ceux-ci ne sont pas suivis de fortes diarrhées.

Même si les risques de contracter l'infection au Québec «sont extrêmement faibles», le ministère de la Santé a dû mettre sur pied un protocole pour réagir si jamais un cas apparaît sur le territoire. Les employés d'Urgences-santé ont par exemple l'obligation, devant l'apparition de fièvre, de vérifier si le patient s'est rendu dans l'un ou l'autre des quatre pays d'Afrique de l'Ouest où le virus est présent.

Pas d'infection sans contact avec les fluides

Dans le cas contraire, les risques deviennent nuls, estime le ministre Barrette. Pour être atteint de la maladie, un individu doit avoir été en contact avec les fluides - le sang ou l'urine, par exemple - d'un individu infecté.

«Ce n'est pas un virus qui se transmet facilement, ça ne saute pas sur le monde», insiste le ministre Barrette. Il en va tout autrement de la grippe ou même de la tuberculose, susceptibles de se propager par un simple éternuement, illustre-t-il. «L'Ebola existe dans trois ou quatre pays. Si vous n'y êtes pas allé, il n'y a aucun risque!», tranche le Dr Barrette.

Néanmoins, Québec a prévu que tout cas douteux serait aiguillé vers le CHUM ou vers le CHU Sainte-Justine à Montréal. On a assuré la mise en oeuvre de mesures d'isolement extrêmement rigoureuses. Il faut prévoir un «laboratoire portatif», puisqu'en cas de test positif de virus Ebola, il faudrait interrompre les activités dans l'ensemble du laboratoire de l'établissement, explique-t-il. Les employés doivent en effet se munir de véritables scaphandres pour mener ces tests.

Il faut prévoir deux heures pour effectuer les tests, mais les prélèvements doivent être envoyés à Winnipeg pour expertise. Les gens seraient envoyés dans ces centres désignés, pour une semaine environ, le temps qu'on obtienne les résultats, explique-t-il.

«On se prépare probablement pour rien, mais on n'a pas le choix parce que le risque n'est pas zéro», résume le Dr Barrette. Le nouveau protocole a été instauré il y a près d'un mois.