Les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque n'ont peut-être pas (encore) leur défi du seau d'eau glacée pour financer la recherche, mais elles pourraient bientôt bénéficier d'un nouveau médicament prometteur dans la foulée d'une vaste étude clinique mondiale à laquelle a participé l'Institut de cardiologie de Montréal.

Les résultats de cette étude financée par le géant pharmaceutique suisse Novartis ont été publiés hier au congrès de la Société européenne de cardiologie à Barcelone, de même que dans la revue The New England Journal of Medicine.

Avec près de 8442 patients de 47 pays différents, dont des Québécois, il s'agit de la plus importante étude jamais réalisée sur l'insuffisance cardiaque, souligne le docteur Jean-Lucien Rouleau, coauteur de l'article sur la recherche et cardiologue à l'Institut de cardiologie de Montréal.

Joint par téléphone à Barcelone samedi, le Dr Rouleau affirme que le médicament expérimental réduisait les risques de décès ou d'hospitalisation liés à l'insuffisance cardiaque d'environ 20 %, comparativement au médicament actuellement prescrit appelé Énalapril.

«On l'a comparé au meilleur traitement disponible à ce jour. Il n'y a aucun doute que le nouveau médicament est efficace», dit-il.

L'insuffisance cardiaque est un problème majeur, ajoute le cardiologue. «C'est la principale cause d'hospitalisation de gens de 65 ans et plus.» Environ 1 Québécois sur 5 ou sur 6 sera atteint d'insuffisance cardiaque au cours de sa vie. Il croit donc que l'impact des résultats de cette étude pourrait être capital.

Selon le Réseau canadien d'insuffisance cardiaque, ce mal touche 5 à 7 millions de Nord-Américains. Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes atteintes pourrait même doubler d'ici 2030.

Au Canada, la maladie est responsable de 9 % des décès. «Ce qui équivaut à la prévalence des décès dus au cancer du sein, au cancer colorectal, au cancer de la prostate et au cancer du pancréas combiné», précise Novartis dans un communiqué.

«Chez les hommes et les femmes, le risque de souffrir d'insuffisance cardiaque est le même, sauf que les femmes ont tendance à en être atteintes un peu plus tard que les hommes», explique le Dr Rouleau.

La compagnie pharmaceutique espère maintenant commercialiser le produit (identifié pour le moment sous le nom LCZ696) d'ici 12 à 18 mois. Novartis devra toutefois obtenir au préalable une autorisation des agences de santé des différents pays. Une demande sera déposée auprès de Santé Canada en 2015.

Causes ou facteurs de risque

- Maladie coronarienne consécutive ou non à un infarctus du myocarde

- Hypertension (haute pression)

- Diabète

- Problèmes de valves cardiaques

- Maladies du muscle cardiaque (cardiomyopathie ou myocardite)

- Consommation d'alcool excessive

- Problèmes cardiaques congénitaux (de naissance)

Source : Institut de cardiologie de Montréal