La Collaboration canadienne pour les commotions cérébrales émet ce matin de nouvelles directives pour «mettre un terme à l'approche à l'aveuglette qui sévit actuellement dans la gestion des commotions cérébrales». Selon ce groupe, des «protocoles de gestion des commotions cérébrales» devraient dès maintenant être obligatoires dans tous les organismes de sport afin de mieux protéger les athlètes amateurs et professionnels, principalement ceux qui pratiquent des sports de contact à risques élevés - comme le hockey, le football, le soccer ou le basketball.

«Aujourd'hui, on en sait assez sur les commotions pour exiger un minimum», affirme le Dr Pierre Frémont, du département de médecine sportive de l'Université Laval, qui préside la Collaboration canadienne pour les commotions cérébrales.

Le Dr Frémont reconnaît que les sports de niveaux professionnel, universitaire et collégial «font beaucoup mieux qu'avant» dans le traitement des commotions cérébrales. «Mais au niveau secondaire et moins, c'est encore embryonnaire», indique-t-il.

De plus en plus d'équipes adoptent les six lignes directrices de retour au jeu après une commotion, note le Dr Frémont. «Mais un vrai protocole doit aller plus loin et inclure des activités de prévention et d'éducation. Les commissions scolaires, les ministères, les associations sportives... Tous devraient mettre de la pression pour exiger ce genre de protocole.»

Dangers à long terme

Deux études ont démontré récemment que les équipes sportives qui possèdent un protocole d'intervention complet décèlent jusqu'à cinq fois plus de commotions cérébrales chez leurs athlètes que celles qui n'en ont pas. «Et plusieurs études ont démontré que lorsqu'une commotion est décelée tout de suite, tout évolue bien en 10 jours et les séquelles sont inexistantes. C'est quand on joue avec des commotions non guéries que les effets s'accumulent», précise le Dr Frémont.

Les conséquences à long terme des commotions ne sont pas encore scientifiquement démontrées. Mais de plus en plus d'athlètes retraités estiment qu'un lien existe entre leur état (troubles cognitifs, problèmes moteurs, dépression...) et le grand nombre de commotions qu'ils ont subies durant leur carrière. «Mais les [éléments de preuve] troublantes sont de plus en plus nombreux», affirme le Dr Frémont.

Charles-Antoine Sinotte, coordonnateur des programmes universitaires au Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), soutient que les mentalités évoluent dans le milieu sportif en ce qui concerne les commotions cérébrales. «Dès cet automne, un thérapeute certifié devra obligatoirement se trouver sur les lignes de côté pour tout match de football, peu importe le niveau. C'est lui qui décidera si un athlète retourne au jeu ou non», souligne-t-il.

Selon le Dr Frémont, il est de temps de «changer la culture du guerrier qui doit à tout prix retourner au combat», encore présente dans plusieurs sports.

«Aucun Canadien ne devrait pratiquer un sport à fort contact sans qu'il y ait un protocole de gestion des commotions cérébrales en place», ajoute le Dr Charles Tator, membre de la Collaboration canadienne pour les commotions cérébrales.