Le mois dernier, Josée (nom fictif) a frôlé la mort. Elle se souvient avoir poussé sur le piston de la seringue. Puis, plus rien. Le noir.

Josée est héroïnomane. Elle se «shoote» depuis qu'elle a 17 ans. Elle en a aujourd'hui 36.

Elle a vécu dans la rue, elle a vendu son corps pour payer sa dose. «Je me démêlais les cheveux avec une fourchette en plastique et je m'attachais les cheveux avec un condom tellement je n'avais rien.»

Elle a fait une cure de désintoxication et elle est restée en sevrage durant six ans avant de retomber. Elle a une maison à la campagne, un amoureux et elle termine un baccalauréat en enseignement. Mais elle se pique. «Le dimanche pour me donner du courage pour la semaine, le mercredi pour passer au travers et la fin de semaine.» Les autres jours, elle est sur méthadone.

Son pusher, elle le connaît. «Comme je suis une bonne cliente, je suis passée au niveau supérieur. Je ne fais plus affaire avec le petit pusher de la rue», dit-elle. Le revendeur lui dit toujours si la drogue est plus ou moins forte que d'habitude, avec quoi elle est coupée et s'il a changé de fournisseur.

Mais le mois dernier, elle n'arrivait pas à le joindre. «J'ai appelé un autre gars qui se promène dans l'est de Montréal. D'habitude, avec lui, je suis toujours déçue. Mais je n'avais pas d'autre choix.»

Elle était avec un ami. C'est lui qui s'est injecté le premier. «Il a fait deux pas en arrière et il s'est effondré», raconte Josée.

Elle a crié, elle l'a frappé et pincé. Il ne s'est pas réveillé. Ils étaient dehors près d'une bouche de métro. Des agents de sécurité ont appelé l'ambulance.

«Une fois à l'hôpital, j'ai bien vu qu'on y passerait la nuit. J'avais besoin de ma dose.» Dans une salle de bains, elle a rentré l'aiguille dans son bras. «J'ai une très grande tolérance, alors je me suis dit que je serais correcte.» Erreur. Elle a appuyé sur le piston et a ouvert les yeux dans une salle de réanimation.

Sur le chemin du retour vers sa maison, elle est passée à deux doigts de se faire un autre fix. Mais la lumière était bleue dans la toilette de l'autobus.

Au Centre de recherche et d'aide pour narcomanes de Montréal, où elle est suivie depuis le début, l'infirmier lui a fait remarquer à quel point c'était étrange qu'elle ait voulu s'injecter de la drogue qu'elle savait dangereuse.

«Il a raison, mais sur le coup, je ne l'ai pas vu comme ça. J'en avais besoin.»