Au cours des derniers jours, six directeurs régionaux de santé publique ont démissionné en bloc pour protester contre les nouvelles règles budgétaires imposées par Québec, a appris La Presse.

Contrairement au ministre Yves Bolduc qui a pu exercer à la fois sa fonction de député et celle de médecin, les directeurs de santé publique ne pourront plus pratiquer d'activités médicales en plus d'assumer leur fonction de direction. Une situation qui les choque.

Lors d'une enquête menée d'août 2013 à mars 2014, le ministère de la Santé a découvert que des cadres du réseau de la santé recevaient des primes illégalement.

Rémunération parallèle

Mis au courant de la situation, Québec a publié une directive le 10 juin demandant aux agences de la santé de la province de cesser de donner ce genre de rémunération parallèle et illégale à certains de leurs cadres, dont les directeurs de santé publique. Les agences avaient jusqu'au 23 juin pour se conformer.

Selon le directeur de santé publique de Lanaudière, le Dr Jean-Pierre Trépanier, l'interprétation de cette directive «pose problème». Notamment parce que Québec estime que les directeurs de santé publique ne peuvent plus donner des services médicaux en plus d'assumer leurs fonctions de directeur.

«Par conséquent, le directeur de santé publique de Lanaudière a remis sa démission au ministre Gaétan Barrette, démission qui sera en vigueur le 22 août prochain», affirme la porte-parole de l'Agence de santé de Lanaudière, Pascale Lamy.

Le directeur de santé publique de la Montérégie, le Dr Alain Poirier, fait également partie du groupe de démissionnaires. Notons que le Dr Poirier a été pendant de nombreuses années directeur national de la Santé publique du Québec.

Quand on lui a demandé pourquoi les directeurs de santé publique ne peuvent, à l'instar du ministre Yves Bolduc du temps où il était député, pratiquer la médecine en parallèle de leur tâche principale, le cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a expliqué que c'était une question de gestion du temps. «La fonction de directeur de santé publique est un emploi à temps plein. On a la présomption que certains directeurs de santé publique, mais pas tous, travaillaient à l'hôpital sur leurs heures de direction. C'est la situation qui a mené à la directive», explique l'attachée de presse du ministre Barrette, Joanne Beauvais. Celle-ci précise que le ministre Bolduc pratiquait la médecine en dehors des heures où il était rémunéré comme député.

Mme Beauvais ajoute qu'en acceptant un poste de directeur de santé publique, les médecins acceptent d'être soumis au décret sur la rémunération des cadres, en vertu duquel ils reçoivent un seul salaire. Les directeurs de santé publique deviennent des cadres du Ministère, et non plus des travailleurs autonomes rémunérés par la Régie de l'assurance maladie du Québec, comme les médecins.

À l'Institut national de santé publique, on n'a pas voulu commenter la situation, expliquant qu'il s'agit d'un «bras de fer syndical».

Le président de l'Association des médecins spécialistes en santé communautaire du Québec, le Dr Yv Bonnier Viger, a dit être au courant de la situation, mais n'a pas voulu se prononcer.

Salaire moyen d'un directeur de santé publique

De 180 000$ à 215 000$

Directeurs de santé publique démissionnaires

> Le Dr Jean-Pierre Courteau, Outaouais

> La Dre Ariane Courville, Gaspésie

> Le Dr Jean-Pierre Trépanier, Lanaudière

> Le Dr Alain Poirier, Montérégie

> La Dre Françoise Bouchard, Nunavik

> Le Dr Sylvain Leduc, Bas-Saint-Laurent