D'ici quelques mois, six centres de santé et services sociaux de l'île de Montréal pourraient être invités à fusionner, puisqu'ils ne comptent pas d'hôpital sur leur territoire, a indiqué hier la présidente de l'Agence de santé et services sociaux de Montréal en entrevue à La Presse.

L'Agence prépare actuellement son plan stratégique pour les cinq prochaines années. Au menu : une réorganisation des services, rendue nécessaire par les budgets qui s'étiolent mais aussi par la nécessité de mieux desservir la clientèle.

« Ce n'est pas simple comme discussion, mais n'a pas le choix de faire cette réflexion. Tout est sur la table », dit Patricia Gauthier, en poste depuis le printemps.

Pas de CSSS sans hôpital

Depuis maintenant 10 ans, l'île de Montréal compte 12 centres de santé et services sociaux. Or, note la nouvelle présidente, la moitié d'entre eux n'ont pas d'hôpital sur leur territoire.

« Ils doivent donc conclure des ententes avec l'hôpital le plus près de chez eux. Ce n'est pas toujours évident, dit-elle. Il n'y a pas de données probantes qui confirment que c'est désavantageux de ne pas avoir d'hôpital. Mais c'est sûr que c'est plus simple quand tous les établissements font partie d'une seule et même organisation. »

Dans l'est de Montréal, par exemple, où trois CSSS n'ont pas d'hôpital, les problèmes concrets ont été nombreux. « Il y avait des impacts majeurs sur les urgences de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Le ministère leur a donné quatre experts pour assurer l'arrimage entre les établissements. Et maintenant, ces experts sont partis, mais le travail doit continuer. Il faut que tout le monde travaille sur la même chose au même moment. On ne peut plus travailler en silo. »

Déjà, un programme de fusions volontaires, offert aux établissements depuis un an, a poussé certains établissements à se regrouper. Les trois centres de réadaptation de l'île se sont joints à des CSSS et le CSSS Bordeaux-Cartierville cherche à fusionner avec l'hôpital du Sacré-Coeur.

Cette opération fusion cache-t-elle une opération compressions ? Non, assure la présidente. « Est-ce qu'on aurait regardé tout cela même si le contexte financier avait été favorable ? La réponse est oui ! »

Dans les prochains mois, le réseau sera consulté sur ce plan stratégique, promet Mme Gauthier. « Il faut que ce soit le plan du réseau et non pas le plan de l'agence. »

Plus de GMF

De même, la présidente de l'agence veut profiter de ce plan stratégique pour « solidifier notre première ligne », dit-elle. À l'heure actuelle, 51 % des Montréalais n'ont pas de médecin de famille, une situation à laquelle elle veut remédier en poussant les médecins à se constituer en groupes de médecine familiale.

Mais la formule GMF ne semble pas susciter l'enthousiasme chez les médecins montréalais : pour 400 cliniques privées, on retrouve... 42 GMF et une trentaine de cliniques réseau sur l'île. « Il y a beaucoup de petites cliniques au coin de la rue, tenues par des médecins vieillissants », constate Mme Gauthier.

Pour répondre aux besoins de la population, les GMF, « c'est la base, croit-elle, et il doit y avoir une amélioration là-dessus à Montréal. »