Le déficit du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), qui atteignait 72,5 millions de dollars en 2013, est maintenant de 13,5 millions, révèle le troisième rapport de l'accompagnateur spécial du CUSM, dont les grandes lignes ont été présentées hier soir au conseil d'administration de l'établissement.

S'il décrit cette baisse comme un «succès remarquable», l'accompagnateur, Michel Bureau, fait toutefois état de plusieurs motifs d'«inquiétude».

Dans son rapport, dont La Presse a obtenu copie, il précise entre autres que les coûts du déménagement du CUSM, qui commencera dès 2015, ne sont pas encore connus, ce qui risque de compromettre l'atteinte de l'équilibre budgétaire dès cette année.

En effet, le CUSM a évalué les coûts du déménagement à «quelques dizaines de millions». Une estimation qualifiée de «très sommaire» par M. Bureau, qui ajoute que personne ne sait encore qui paiera la facture.

Le directeur général du CUSM, Normand Rinfret, reconnaît que le déménagement prochain du CUSM représente un «défi supplémentaire» dont le montant n'a pas été établi. «Nous sommes en discussions avec Québec et l'Agence de Montréal là-dessus», a-t-il dit hier soir.

M. Rinfret s'est toutefois dit «très heureux» des performances de son établissement. Il dit avoir bon espoir de retrouver l'équilibre budgétaire dès cette année, même s'il reconnaît qu'avec les compressions annoncées par Québec en santé, la tâche sera d'autant plus difficile. Les efforts budgétaires demandés par Québec inquiètent également l'accompagnateur Bureau.

Manque d'espace persistant

Dans son rapport, M. Bureau s'inquiète également du manque d'espace du CUSM. Environ 90 000 pieds carrés supplémentaires doivent être trouvés pour loger notamment les services de fécondation in vitro, d'ophtalmologie et de recherche clinique. Le déménagement de ces services, qui pourrait se faire dans l'édifice du 5252, boulevard de Maisonneuve, qui devrait toutefois être rénové, coûterait 10 millions.

Un nouveau problème est aussi apparu dernièrement, note l'accompagnateur. L'édifice Allen, situé sur les terrains de l'hôpital Royal-Victoria, abrite actuellement les services ambulatoires de santé mentale. Le CUSM dit vouloir garder cet édifice jusqu'à ce que les travaux à l'Hôpital général de Montréal soient exécutés. «Or, cela semble décalé de plusieurs années», note l'accompagnateur. Des espaces devront donc être trouvés pour ce département dont les services devront être relogés.

Sur le manque d'espace, M. Rinfret ajoute qu'il souhaite que l'Institut neurologique de Montréal, qui reste pour l'instant à son emplacement à côté de l'hôpital Royal-Victoria, déménage sur le site Glen dès 2019-2020. «On discute avec le gouvernement pour obtenir les budgets», dit M. Rinfret.

Dans la foulée du rapport Baron publié en décembre 2012, qui prévoyait un déficit historique de 115 millions au CUSM en 2012-2013, un accompagnateur spécial avait été nommé et un plan de compressions de 50 millions sur deux ans, imposé. Les compressions prévues pour cette année sont de 12,9 millions.

Après le CUSM, l'Hôpital général juif

Selon des informations obtenues par La Presse, Michel Bureau a reçu le mandat de redresser les finances de l'Hôpital général juif. Après avoir accompagné le Centre universitaire de santé McGill depuis 2013, M. Bureau devra ramener l'Hôpital général juif, qui fait l'objet d'une enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) pour des histoires en lien avec la construction de sa nouvelle urgence, sur la voie de l'équilibre budgétaire. Au cours des trois dernières années, l'Hôpital général juif a présenté des déficits successifs de 25 millions en 2011-2012, 10 millions en 2012-2013 et 15 millions en 2013-2014.