L'État s'ingère indûment dans la lutte contre une épidémie d'obésité dont l'ampleur est exagérée, dénonce une nouvelle étude canadienne.

La mise en place de programmes sur la saine alimentation dans les écoles, l'imposition de taxes sur la malbouffe ou encore l'obligation d'étiqueter les informations nutritionnelles sont autant de mesures qui «diabolisent à tort» et «freinent la croissance des petites entreprises», soutient l'Institut Fraser dans un document publié lundi.

Ottawa devrait faire preuve de prudence face aux pressions du «lobby anti-obésité canadien» et résister à la mise en oeuvre d'un trop grand nombre de mesures favorisant le «gonflement de la fonction publique», prévient Nadeem Esmail, directeur de la recherche sur les politiques de santé au sein de l'organisme de recherche de Calgary.

«Les interventions des gouvernements imposent des coûts sans discernement et diabolisent à tort certains aliments, fabricants et distributeurs de produits alimentaires», peut-on lire dans l'étude.

Car les bienfaits de ces politiques publiques ne sont pas prouvés de façon empirique, mais surtout, les données disponibles ne corroborent pas les allégations selon lesquelles il y aurait une «épidémie» d'obésité, plaide l'Institut Fraser.

Selon Statistique Canada, le taux d'obésité est passé de 15,3 à 18,4% entre 2003 à 2011 pour ensuite se stabiliser.

«Par conséquent, au cours de la dernière décennie, le rythme de croissance a été observable, modeste et clairement pas exponentiel», plaide-t-on dans l'étude.

«Malgré les affirmations de certains politiciens, médias et partisans de la santé publique, il n'y a pas, au Canada, d'épidémie d'obésité causant un grand nombre de maladies et de décès. Par ailleurs, il est faux de prétendre que seul le gouvernement peut nous sauver de nous-mêmes», poursuit Nadeem Esmail.

De façon plus globale, en 2012, 52,5% des adultes canadiens (59,9% chez les hommes et 45% chez les femmes) étaient en surpoids ou obèses si l'on se fie à l'indice de masse corporelle déclaré par le répondant, d'après Statistique Canada.

Même si ces chiffres peuvent sembler élevés, le fardeau imposé par l'obésité au système de soins de santé pourrait bien être «largement surestimé», d'après l'Institut Fraser.

«En fait, selon un certain nombre d'études, le taux de mortalité des personnes en surpoids (mais non obèses), toutes causes confondues, pourrait bien être plus faible que celui des personnes de poids normal, et nettement plus faible que celui des personnes de poids insuffisant», est-il écrit dans le document.

L'analyse et les comparaisons présentées dans le rapport de recherche de l'Institut Fraser sont fondées sur des données canadiennes, américaines et britanniques.