Les Canadiens de certaines régions du pays pourraient faire face à des pénuries de lits et à une hausse du coût des médicaments, suite à l'expiration, lundi, de l'Accord fédéral-provincial sur la santé, prévient un groupe de défense des soins de santé.

Les provinces dont la population décline, comme le Nouveau-Brunswick, sentent déjà les effets négatifs de l'expiration de l'accord de 41 milliards $ signé en 2004, tandis que les provinces en croissance, comme l'Alberta, vont y gagner, affirme le directeur administratif de la Coalition canadienne de la santé, Michael McBane.

Cette année, le Nouveau-Brunswick aura moins d'argent pour les soins de santé, tandis que l'Alberta en aura plus, a déclaré M. McBane lors d'une conférence de presse, lundi, sur la colline du parlement à Ottawa.

Il affirme que certains gouvernements provinciaux n'auront plus les moyens d'assumer les besoins de leur population en matière de santé.

En 2011, l'ancien ministre des Finances, Jim Flaherty, avait annoncé que le Transfert canadien en matière de santé versé aux provinces et aux territoires augmenterait de 6,0 pour cent par année jusqu'en 2017-2018.

Par la suite, les transferts seront liés au taux de croissance économique et à l'inflation, mais le gouvernement fédéral assure que la hausse annuelle ne passera pas sous la barre des 3,0 pour cent.

Paul Moist, président national du Syndicat canadien de la fonction publique, a décrit comment certaines provinces seraient affectées par l'expiration de l'accord.

«Nous verrons des fermetures de lits, comme nous l'avons vu en Ontario. Nous verrons une incapacité à maîtriser les prix des médicaments (...) et nous verrons, à l'échelle provinciale, un déclassement de certains médicaments que les Canadiens reçoivent présentement», a affirmé M. Moist.

«Il n'y a pas de stratégie de soins à long terme pour le Canada. Et je m'attends à ce que chaque budget provincial continue d'annoncer que les provinces assument de plus en plus de responsabilités par rapport à l'époque du financement 50-50», a-t-il ajouté.

La ministre fédérale de la Santé, Rona Ambrose, a fait valoir que le gouvernement aura accordé 40 milliards $ en transferts aux provinces et territoires d'ici la fin de la décennie, tout en ajoutant que davantage d'innovation en santé était nécessaire.

«Injecter plus d'argent n'est pas la seule solution pour régler les inefficacités dans notre système de santé», a affirmé la ministre durant la période des questions à la Chambre des communes.

«Ce que nous avons appris dans les dix dernières années est que l'innovation est vraiment la clé. Nous savons que l'innovation fait une différence, Monsieur le président, et nous allons poursuivre dans cette voie en créant un comité de sages pour examiner non seulement l'état de l'innovation en santé, mais aussi pour s'assurer que les gestes du gouvernement fédéral constituent un système de santé plus innovateur.»

MM. McBane et Moist, de même que Linda Silas, de la Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et d'infirmiers, étaient à Ottawa lundi pour participer à l'un des nombreux événements prévus à travers le pays pour souligner la fin de l'accord fédéral-provincial, qui expirait en cette fin mars.

L'actrice Shirley Douglas - fille du politicien Tommy Douglas, considéré comme le père de l'assurance maladie universelle au pays - devait prendre la parole plus tard lundi lors d'un rassemblement à Toronto. Le Conseil des Canadiens, une organisation citoyenne qui défend la justice sociale, a indiqué qu'au moins 19 de ses sections locales entendaient organiser des événements un peu partout à travers le pays.