Les ambulanciers de Laval et Montréal sonnent l'alarme: le manque de véhicules disponibles aurait atteint un seuil critique.

Le syndicat dit craindre que la population ne finisse par faire les frais de cette situation. «Il y a assez d'employés paramédicaux, mais le nombre de véhicules sur la route est insuffisant. Les besoins augmentent chaque année, mais pas le nombre de véhicules. C'est carrément lié à une question budgétaire», plaide le président du Syndicat du préhospitalier chez Urgences-santé, Réjean Leclerc.

M. Leclerc affirme que plus de la moitié des appels au 911 sont pris en charge au-delà du délai prescrit.

Les ambulanciers ont, selon lui, déposé plus de 300 plaintes en moins d'un an au syndicat et à la direction, pour dénoncer les conditions de travail difficiles découlant de ce problème. «La cible du Ministère est d'arriver dans 90% des cas de priorité 1 - les appels les plus urgents - en 8 minutes 59 secondes et moins. Mais ce n'est pas le cas. On a même des temps de réponse pouvant aller jusqu'à 30 minutes», déplore le chef du syndicat.

Et lorsque les ambulanciers parviennent à respecter les délais, c'est souvent parce qu'ils se trouvaient géographiquement près des lieux de l'intervention, raconte un ambulancier sous le couvert de l'anonymat.

Pression accrue

«En plus d'avoir à gérer la situation de chaque appel, il faut gérer la colère de la famille qui se plaint de la lenteur des temps de réponse», confie le paramédical. Il ajoute que les effectifs subissent beaucoup de pression et n'ont pratiquement pas le temps de s'arrêter pour manger. «On met vraiment la population en danger depuis plusieurs mois», résume-t-il.

La situation force parfois les ambulanciers à se débrouiller avec les moyens du bord. Le président du syndicat cite l'exemple d'une intervention récente dans un centre pour personnes âgées où une seule ambulance a dû multiplier les allers-retours pour transporter plusieurs patients.

Le syndicat s'adressera aux médias ce matin pour faire le point sur la situation.

Une rencontre serait aussi prévue lundi prochain avec la direction et le ministère de la Santé et des Services sociaux dans l'espoir de régler le problème. Le syndicat, qui ne renouvelle pas avant 2015 sa convention collective, s'engage à intensifier ses moyens de pression si le problème perdure. «On interpelle le Ministère et Urgences-santé avant qu'un événement malheureux ne se produise», conclut Réjean Leclerc.

Urgences-santé n'a pas répondu à nos demandes d'entrevue. Cependant, dans son rapport annuel de 2012-2013, l'organisation affirme que les temps de réponse sont d'en moyenne 7,04 minutes pour les appels les plus urgents.

Impossible, toutefois, de décortiquer davantage ces chiffres et d'en apprendre plus sur les retards dénoncés par le syndicat.