La grippe semble en voie d'atteindre un sommet ces jours-ci. Plus d'une personne sur cinq qui se présente aux urgences avec des symptômes grippaux reçoit le diagnostic de la maladie. Les jeunes adultes semblent les plus touchés.

La souche la plus présente cette année est celle de type A (H1N1). Pour la semaine se terminant le 18 janvier, 714 cas de H1N1 ont été diagnostiqués, indiquent les plus récentes données de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

«Chez les gens qui avaient des symptômes, on avait de 20 à 25% des prélèvements qui revenaient [du laboratoire] avec une confirmation. En période épidémique, on arrive à peu près à ces chiffres, soit 20 à 30% des gens, parfois jusqu'à 40%», explique Gaston de Serres, médecin épidémiologiste à l'INSPQ et professeur en épidémiologie à l'Université Laval.

Près de la moitié des gens atteints, soit 44%, sont des adultes de 20 à 59 ans, ce qui n'est pas le cas habituellement, note M. de Serres. «On a, parmi les gens malades, des adultes plus jeunes, c'est-à-dire des gens de moins de 60 ans qui semblent plus touchés et qui aboutissent à l'hôpital en plus grand nombre que dans les saisons d'influenza habituelles.»

Les personnes âgées sont généralement les plus touchées par la grippe, et ce sont également elles qui développent des complications. Cela semble être moins le cas cette année, comme si les gens âgés étaient plus résistants au virus H1N1 que les jeunes.

Des régions plus atteintes

Avec 30% des cas, le Saguenay-Lac-Saint-Jean est l'endroit le plus atteint par la grippe actuellement. Les régions des Laurentides (26%), l'Estrie (24%), Laval (24%) l'Outaouais (23%) et Montréal (21%) le sont également.

Sur le terrain, plusieurs hôpitaux de la métropole avec qui La Presse a pris contact constatent un certain achalandage aux urgences, mais à un degré moindre que l'an dernier alors que la grippe avait frappé en décembre.

«Depuis deux ou trois semaines, on sent une plus grande affluence de patients avec un syndrome d'allure grippale, mais si on compare avec l'an dernier, c'est le jour et la nuit», lance la porte-parole du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, Sylvie Robitaille.

«En pédiatrie, on ne semble pas avoir plus de grippes ou de pneumonies que par les années passées», indique pour sa part Caroline Quach, microbiologiste et infectiologue à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

En plus de l'influenza, d'autres virus respiratoires sont aussi en circulation, rappelle Mme Quach. Chez les jeunes enfants, le virus respiratoire syncytial, dont les symptômes ressemblent à ceux de la grippe, cause aussi beaucoup d'hospitalisations.

Que penser du H7N9?

La santé publique surveille de près l'évolution de la grippe H7N9 en Chine. Ce virus qui se transmet de l'oiseau à l'homme a fait 200 morts depuis le mois de mars dernier, avec une recrudescence au cours des dernières semaines. L'épidémie semble toutefois se limiter à la Chine. Aucun cas n'a été rapporté au Canada. «Ça pourrait devenir inquiétant si le virus se transformait et était capable de se transmettre d'humain à humain, ce qui n'est pas le cas actuellement», explique Gaston de Serres, médecin épidémiologiste à l'Institut national de santé publique du Québec. Avec un taux de mortalité variant de 10 à 20% des cas, le H7N9 semble également moins virulent que celui de la grippe aviaire (H5N1), qui entraîne un décès dans 50% des cas, note M. de Serres.