Perdre un parent, un frère ou une soeur en bas âge augmente le risque de psychose à l'âge adulte, selon une nouvelle étude britannique. Le risque triple s'il s'agit d'un suicide.

«C'est la première fois qu'on peut montrer l'effet d'un événement externe stressant directement sur la santé mentale d'un enfant», explique l'auteure principale de l'étude publiée dans le British Medical Journal, Kathryn Abel de l'Université de Manchester. «D'autres études avaient trouvé des liens avec les guerres ou les famines. Mais il n'était pas alors possible de voir si un enfant en particulier avait été directement touché.»

Le risque de psychose augmente de 84% si un enfant perd son père, sa mère, un frère ou une soeur avant l'âge de 3 ans. S'il s'agit d'un suicide, l'effet est plus important: trois fois plus de risque si la mort survient avant l'âge de 2 ans, et deux fois si c'est après. Le risque était légèrement plus élevé s'il s'agissait d'un accident plutôt que d'une maladie.

Impact sur le cerveau

«Nous avons été surpris de voir qu'il n'y avait pas d'effet avant la naissance, dit la psychiatre britannique. Cela signifie que c'est dans les échanges avec les parents que l'effet a lieu. Nous pensons que c'est un impact sur le développement du cerveau. Ça explique que l'effet soit plus grand en bas âge, quand le cerveau est encore fragile et en pleine maturation.»

La mort de grands-parents n'avait pas d'impact sur le risque de psychose. 

L'équipe de Manchester a travaillé sur les dossiers d'un million de Suédois nés entre 1973 et 1985.

Le risque était plus élevé pour les psychoses affectives, comme la maniaco-dépression, mais pas pour les psychoses non affectives, comme la schizophrénie. «Cela indique que la schizophrénie est liée à un chaos plus général, à une désorganisation, pas à des désordres affectifs comme le sentiment de culpabilité ou la tristesse d'un parent qui perd son conjoint.»